La crise sanitaire met à mal le sport

Alors que le confinement se prolonge, de nombreux événements sportifs du territoire ont été reportés ou purement et simplement annulés. Un coup dur pour un secteur aux enjeux économiques et touristiques.

C’est dans un mail solennel aux ligues, comités et clubs que le Comité territorial olympique et sportif (CTOS) a donné, la semaine dernière, ses instructions : « Afin de ne pas mettre en péril nos emplois associatifs souvent précaires, nous invitons les employeurs du mouvement sportif à effectuer les démarches de chômage partiel auprès de la Direction du travail et de l’emploi. » Comme pour de nombreuses entreprises, le milieu sportif est donc touché de plein fouet par la crise sanitaire et les mesures de confinement qui en découlent.

Et pour ne rien arranger, cette crise tombe dans une période où les grands événements se succèdent. C’est la Ligue calédonienne de triathlon qui a été la plus rapide avec un report, très tôt, du triathlon BNC, vitrine de la discipline sur le Caillou. « Dès le début du mois de mars, on a compris qu’on ne pourrait pas garder la date du 26 avril, explique Éric Meunier, le président de la ligue. Même si, à l’époque, on ne parlait pas encore de confinement, ici, en Nouvelle-Calédonie, il était devenu impossible d’avoir des triathlètes venus de l’extérieur. » Même chose pour l’AC Païta, qui organise le XTerra. « On a dû très rapidement changer notre fusil d’épaule, commente Nordine Benfodda, président du club. Même si je pense qu’on aurait pu garder la franchise (XTerra est une marque qui estampille de nombreux trails pour former un circuit mondial, NDLR), ce trail attire près de 1 000 personnes et il est devenu une vitrine pour la Nouvelle-Calédonie dans le cadre du tourisme sportif. L’annuler aurait été un coup d’arrêt ». La compétition à donc été reportée au 26 septembre.

Manque à gagner

L’annulation ou le report de tels événements ne se fait pas sans conséquences financières. « Le sport, c’est une économie, il faut le souligner, affirme Éric Meunier. Derrière un événement, il n’y a pas que le club et ses bénévoles, mais aussi toutes les entreprises à qui on achète les maillots, les boissons, les médailles. » Le budget du triathlon BNC est estimé à 8 millions de francs, 3,5 millions pour le XTerra. Un préjudice encore plus important du côté de la Groupama Race. Événement bisannuel, la course attire des bateaux qui viennent d’Asie, d’Australie et d’Europe pour un tour de la Grande Terre à la voile. Et elle a dû être décalée d’une année. « Il va y avoir un manque à gagner, explique Laurence Bouchet, la responsable des compétitions au Cercle nautique calédonien. Lors de la précédente édition, en 2018, la Groupama Race avait engendré 80 millions de francs de retombées économiques. On espère que ce sera le cas l’an prochain. L’avantage, c’est qu’on a un an de plus pour communiquer. »

Mais quel sens a un report dans un contexte aussi incertain ? « Même si on a replacé l’événement en septembre, on ne sait pas si des triathlètes internationaux seront présents, précise le président de la Ligue calédonienne de triathlon. Il suffit qu’une grosse compétition en Europe ou en Amérique soit reportée à la même date et on ne fera pas le poids. » Même son de cloche pour le XTerra.


Embouteillage en fin d’année ?

Autre dommage annoncé, celui d’un possible embouteillage en fin de saison. Sur ce point, Patrick Ventura, gérant de Challenge Organisation (Grand Prix des raids du Nord, Gigawatt, Pandathlon…) a tiré la sonnette d’alarme dans un mail adressé aux autres organisateurs de trails. Quitte à demander la priorité aux acteurs privés tels que lui. « J’apprécierais que toutes les associations qui doivent reprogrammer leurs courses ne le fassent pas et les annulent pour 2020. Ainsi ça évitera des chevauchements de dates qui seront préjudiciables à tous et peut-être fatals pour nous. » Un pas officiellement franchi par les organisateurs de l’UTNC, dont le Festival des trails, prévu en juin, est annulé. Un point de vue pas forcément compris de la part d’autres acteurs. « Dans le sport, ce n’est pas parce que la tête est bénévole que tout le reste l’est aussi », rappelle simplement Éric Meunier, en référence aux multiples prestataires qui gravitent autour des événements. Triathlon, VTT, trails… Les sportifs du Caillou vont sans doute devoir faire des choix, une fois le confinement levé et les compétitions de retour.

A.B.