La centrale pays verra-t-elle le jour ?

Dans un rapport qu’elle a rendu public en fin de semaine dernière, la Chambre territoriale des comptes s’interroge sur le fonctionnement de Nouvelle-Calédonie Énergie (NCE), chargée de la réalisation de la centrale pays de 200 mégawatts devant remplacer celle au fioul de Doniambo, en service depuis le début des années 1970 et en fin de vie, elle n’est pas à l’abri « d’une panne durable voire irréversible ».

Alors que cela a été présenté « comme un projet phare de la Nouvelle-Calédonie » dont la construction a été qualifiée « d’urgente et indispensable », le dossier a pris du retard en raison, notamment, d’hésitations sur le choix du combustible et de la technologie à mettre en œuvre. Charbon ou gaz ? Après plusieurs études, le gaz est retenu. Mais le projet peine à avancer. Inertie, errements dans le pilotage de NCE (quatre présidents et trois directeurs de projet se succèdent en quatre ans), remises en question, etc., plusieurs années sont perdues. Finalement, la solution retenue est une centrale électrique sur barge alimentée au gaz, qui serait plus robuste technologiquement, rapide à mettre en œuvre et proposerait le prix du kilowatt heure le plus bas.

Deux projets concurrents

Sachant que deux solutions sont en réalité à l’étude. Outre celle de NCE, Enercal planche sur la transformation de la centrale de Prony pour l’alimenter au gaz, suivie de son agrandissement progressif pour devenir la centrale pays. Or, « ces deux solutions concurrentes n’ont pas fait l’objet d’arbitrage », note la CTC. Elles sont développées en parallèle, ce qui mobilise des équipes et des ressources financières.

Dans son jugement, la Chambre estime que « les errements successifs dans la conduite du projet ne sont pas que le résultat d’un pilotage inconstant, voire déficient. Ils sont aussi le fruit d’un montage réalisé dans l’urgence, construit à partir d’études perfectibles, dans un paysage énergétique non défini, sans mesurer que cette centrale « tout en un », serait amenée à remplir des objectifs contradictoires. »

Un appel d’offres a été lancé le 19 novembre 2020, repoussant de nouveau l’échéance de la réalisation de la centrale au premier semestre 2025. « Au vu des éléments recueillis, conclu la CTC, rien ne permet d’affirmer que le projet conduit par NCE verra le jour. »

 


La CTC interroge le manque de cohérence des missions de l’ASS

Dans un autre rapport rendu également en fin de semaine dernière, la Chambre territoriale des comptes examine la gestion de l’Agence sanitaire et sociale depuis 2014. Si sa mission principale est de participer au financement des infrastructures hospitalières, son rôle a évolué. L’ASS en est aujourd’hui le principal financeur et aussi l’acteur majeur des politiques de promotion de la santé, de prévention et de dépistage.

La CTC préconise plusieurs choses : l’ASS doit renforcer l’efficacité de son action, mieux définir son rôle, noyé sous les différentes missions qui lui sont dévolues, adopter un projet stratégique, évaluer le bénéfice de ses actions et davantage contrôler l’utilisation des fonds qu’elle attribue. Autre inquiétude, la fragilisation de la situation financière de l’agence alors que ses charges augmentent avec la crise sanitaire et la hausse de la demande de soins et des maladies chroniques.

Cela dans un contexte d’incertitudes sur son avenir, puisque le gouvernement prévoit la disparition de l’ASS et souhaite attribuer sa mission de financement à une nouvelle autorité de régulation. Sa mission de santé publique sera elle confiée à la Dass. Or, la CTC propose de confier cette mission à une agence de santé publique, qui assurerait également la veille épidémiologique et produirait des données d’économie en santé. Le rôle de financeur serait, quant à lui, à la charge d’une nouvelle autorité de régulation.

 

A.-C.P. (© Archives DNC)