La centrale flottante, trois ans de répit pour la SLN

Mardi, la direction de la SLN a présenté la barge qui doit lui permettre de fermer l’obsolète centrale B. L’unité temporaire, fonctionnant elle aussi au fioul, pourrait être autorisée par la province Sud pour trois ans au maximum, une durée relativement courte pour boucler un projet lancé en 2007.

♦ Une « sécurisation rapide »

La SLN souhaite louer une « centrale accostée temporaire » à la société turque Karpowership, « leader mondial » dans ce domaine, un projet mûri « depuis plus d’un an ». D’une puissance de 200 mégawatts, elle serait une « sécurisation rapide » de l’alimentation de l’usine et remplacerait intégralement l’actuelle unité, que le métallurgiste veut fermer au plus vite.

♦ La centrale B démantelée en 2023 ?

Construite en 1972, lieu d’un accident mortel en 2021, amputée d’une des quatre turbines depuis lors, elle est à bout de souffle. La centrale B deviendrait « une solution de repli » jusqu’en 2023, année de son « démantèlement », indique Paul Lawi, responsable de la stratégie énergétique de la SLN.

♦ Moins de soufre et de poussières fines, pas d’économies

Doniambo utilisant déjà le fioul pour des raisons de simplicité logistique, la SLN a décidé de continuer avec cette énergie. La centrale de Karpowership consomme 30 % de moins que la centrale B ‒ l’économie de fioul financerait la location de la barge. Par mégawatt produit, la diminution de pollution sera de 27 % pour le dioxyde de soufre (SO2), qui représente les trois quarts des émissions polluantes, et de 16 % pour les poussières fines (PM). Pour l’oxyde d’azote (NOx), les volume émis ne changeront pas.

♦ À la province Sud de décider

La balle est désormais dans le camp de la province, qui accepte ou refuse les installations classées pour l’environnement (ICPE). Au sujet de cette demande déposée le mardi 19 avril, la collectivité pourrait délivrer une autorisation d’un an renouvelable deux fois, soit jusqu’en 2025 au plus tard. La SLN espère un feu vert très rapide : elle table sur une arrivée de la barge en juillet et une mise en service en août. Et si l’autorisation était refusée ? Sonia Backes, présidente de la province Sud, avait déclaré l’an passé son opposition à une centrale flottante. « Nous devrions continuer avec la centrale B. Il n’y a pas d’autre option », répond Guillaume Verschaeve, directeur de la SLN.

Centrale définitive : il faudra trancher

En 2025, le métallurgiste espère disposer d’une électricité issue à 30 % du barrage de Yaté (20 % aujourd’hui) et à 70 % de turbines au gaz. Deux options sont toujours en lice. La centrale flottante est défendue par Nouvelle-Calédonie Énergie (NCE, société détenue à 50 % par l’Agence calédonienne de l’énergie, à 40 % par Enercal et à 10 % par la SLN). Enercal, pour sa part, souhaite transformer sa centrale de Prony, qui tourne au charbon. Dans les deux cas, les turbines au gaz sont censées être facilement modulables pour laisser la place aux énergies plus propres. Pour 2035, la SLN mise sur 30 % de gaz et 70 % d’énergies renouvelables.

 


EPLP réclame de la « transparence »

Membre du comité local d’information, où a été présenté mardi le projet, l’association Ensemble pour la planète (EPLP) dénonce un manque de « transparence ». Elle demande la publication des études d’impact environnemental et de danger, qui n’est pas une obligation légale dans le cadre d’un projet temporaire. EPLP s’indigne, par ailleurs, que la SLN prévoie de continuer d’utiliser du fioul « basse teneur » en soufre, alors qu’elle dispose également de « très basse teneur ».

 

Gilles Caprais (Capture d’écran – Photomontage SLN)