KNS remonte la pente

Après deux années particulièrement mauvaises en termes de production, la direction de Koniambo Nickel SAS vise plus de 30 000 tonnes en 2022, avec deux fours en activité et une nouvelle organisation, soit deux fois plus qu’en 2021, afin de parvenir à l’équilibre. KNS a jusqu’au mois de juin, date fixée par les actionnaires, pour montrer qu’elle peut y arriver.

♦ Montée en puissance

L’année 2020 n’a pas été facile (en raison notamment de la crise sanitaire et de la mise en maintenance des deux fours) et les premiers mois de 2021 n’ont guère été mieux, marqués par deux avaries sur la centrale électrique puis sur l’un des deux fours, empêchant KNS d’atteindre les objectifs fixés.

Mais la production s’est améliorée au cours du dernier trimestre avec plus de 7 000 tonnes de ferronickel produites, une tendance qui s’est poursuivie en janvier. « Depuis la remise en route du deuxième four en septembre, on continue de gagner du terrain dans notre montée en puissance, nous sommes sur la bonne voie », estime Kristan Straub, président de Koniambo Nickel SAS, lors de la présentation du bilan lundi 21 février.

♦ 3 000 tonnes par mois

L’ambition de KNS ? Atteindre environ 3 000 tonnes par mois, ce qui lui permettrait de parvenir à l’équilibre afin que les actionnaires n’aient pas – et ce serait une première – à réinjecter de fonds. C’est l’objectif de 2022 : stabiliser la production. KNS doit s’y tenir jusqu’en juin, date fixée par les actionnaires, Glencore et la SMSP, lors du dernier conseil de direction en novembre. Un point sera alors fait sur les résultats. Pendant cette période « critique », l’industriel doit prouver qu’il peut y arriver. Sans quoi, son avenir reste incertain. « Je ne peux pas présumer les décisions des actionnaires. »

♦ Nouvelle organisation

La réorganisation globale de l’entreprise ne serait pas étrangère à cette amélioration, voire aurait été décisive. Il y a près d’un an et demi, KNS recevait l’appui, via Glencore, d’un groupe technique chargé d’améliorer la gestion et le fonctionnement de l’usine en apportant une nouvelle façon de manager et de travailler, avec davantage de rigueur. « Il y a eu des crispations, reconnaît Alcide Ponga, directeur des affaires externes, mais ça avance et on commence à en percevoir les résultats quand on regarde les chiffres. On espère tenir ce rythme-là cette année. »

♦ Un coût de production maîtrisé

C’est l’autre levier d’action afin d’obtenir de meilleurs résultats : rechercher des économies, en priorité sur la facture d’électricité, qui représente environ 35 % du coût de production. KNS privilégie le charbon au gasoil. « Cela nous permet d’avoir une meilleure rentabilité », précise Kristan Straub, malgré l’augmentation du coût des matières premières, qui engendre des frais supplémentaires. « On est passés de 63 dollars la tonne en 2020 à 135 en 2021. Là, on est à 208 dollars. »

♦ Mieux planifier la maintenance

C’est un point central, estime le président de KNS. Une équipe dédiée à la programmation des arrêts majeurs de la centrale et du four (deux sont prévus en 2022, en avril et en juin) a été mise en place. « Ce sont les seuls temps dans l’année où on a accès aux équipements parce que notre procédé est en flux continu, donc ce sont des opportunités très importantes », explique Kristan Straub. La gageure ? Assurer l’entretien dans le temps imparti et disposer du matériel nécessaire (l’approvisionnement étant plus délicat à anticiper en temps de Covid) afin de pénaliser le moins possible l’activité.

 


Penser un modèle stable

Bien que les cours du nickel, particulièrement hauts, profitent aux acteurs de la métallurgie, KNS ne souhaite pas s’appuyer sur ce phénomène pour construire son modèle économique. « Le but n’est pas d’avoir un modèle rentable seulement quand les cours sont hauts, commente Kristan Straub, d’autant que quand les cours montent, ceux de l’énergie progressent aussi. » Pour Alcide Ponga, « il faut être capable de résister quand on est au creux de la vague et avoir une vision à long terme pour amortir l’effet des cours qui montent et qui descendent ». Les équipes travaillent donc à produire la tonne à un coût de 10 000 dollars US.

Une fois la stabilité de la production atteinte et la maîtrise des coûts assurée, la société se penchera sur la réduction de son empreinte écologique, assure Kristan Straub. « On focalise d’abord sur la montée en puissance, et après on sera ouvert à utiliser les énergies renouvelables. »

 


En chiffres

60 000 tonnes : c’est la capacité maximale de l’usine du Nord.

50000 tonnes : c’est l’objectif de production visé. KNS espère y parvenir en 2025.

33000 tonnes : c’est le but fixé en 2022.

17000 tonnes ont été produites en 2021 et environ 16 900 en 2020 (22 300 en 2019).

 

Anne-Claire Pophillat (© A.-C.P.)