INTERVIEW JACQUES CHIRON « Des outils à l’écoute de la collectivité »

À l’occasion de la venue du sénateur de l’Isère, Jacques Chiron, également président de la Fédération nationale des entreprises publiques, la fédération calédonienne a remis des prix à trois sociétés aidées par les sociétés d’économie mixte des trois provinces. Le sénateur en a profité pour annoncer la tenue, en septembre 2016, du prochain congrès de la Fédération des entreprises publiques d’outre-mer.

DNC : Quel est le rôle des entreprises publiques locales ?

Jacques Chiron  : Leur but est de faire en sorte que le monde économique rencontre cet outil pour apporter des services et les gérer pour les collectivités locales. Elles permettent également de réaliser des investissements lourds que les collectivités ne peuvent pas forcément porter seules. Souvent dans les entreprises publiques locales, on retrouve des entreprises qui sont pertinentes dans tel ou tel domaine. On a pratiquement toujours des partenaires financiers, qui peuvent nous aider à la fois dans le financement et dans la compréhension de l’entreprise économique.

DNC : Vous avez expliqué que la Calédonie pouvait être un exemple pour la métropole en matière de société d’économie mixte. Dans quelle mesure cela pourrait être le cas ?

Jacques Chiron : Les SEM de Nouvelle-Calédonie portent des actions dans le cadre de nouvelles entreprises qui se font jour. Beaucoup de SEM sont actionnaires dans les mines, par exemple, ou dans le transport aérien, tout en aidant de jeunes pousses à démarrer. Elles apportent à la fois leurs compétences, parce qu’elles ont des compétences de gestion. Elles aident aussi ces jeunes entreprises en prenant des participations. Une fois que la structure marche, elle se retire pour lui permettre de prendre son envol. Cela n’existe pas en métropole, mais je trouve cette possibilité très intéressante. Je la proposerai à mes collègues parlementaires. Un certain nombre d’entre eux ont été présidents de SEM. Tous ces élus locaux, aujourd’hui nationaux, sont particulièrement attentifs à porter ce mouvement, c’est d’ailleurs un des raisons pour laquelle c’est toujours un parlementaire qui préside la Fédération nationale des entreprises publiques. Les deux derniers textes que nous avons faits concernent les SPL, sociétés publiques locales, qui n’existent pas encore en Nouvelle-Calédonie. Des SPL, où seulement le public est actionnaire, seront certainement bientôt créées. L’autre structure est la SEMOP, une SEM à opération unique qui concerne des projets avec des financements relativement lourds. L’élu, par l’intermédiaire du pourcentage que tient la collectivité, en est le président. C’est très important. La collectivité met de l’argent, il est normal qu’elle contrôle comment il est utilisé et voit si les objectifs sont bien tenus. Le mouvement des SEM existe depuis l’après-guerre mais s’est amplifié avec les années. Ce sont des outils qui doivent être à l’écoute de la collectivité et l’on doit pouvoir les modifier au niveau législatif.

DNC : Vous passerez en tout dix jours en Nouvelle-Calédonie, quel est votre programme ?

Jacques Chiron : J’ai rencontré l’ensemble du monde politique, le gouvernement, le président du Congrès, les présidents des provinces mais aussi les élus locaux qui portent les outils SEM afin de comprendre leurs problématiques, leurs difficultés. Il a été voté en novembre la possibilité de créer des SPL en Nouvelle-Calédonie. Nous regardons aussi la possibilité de faire des formations car il faut se former à l’outil. La fédération à un staff qui permet de le faire. Mais je profite également de ce déplacement pour préparer le prochain congrès de notre mouvement, qui se tiendra en Nouvelle-Calédonie dans un an et regroupera plus de 200 chefs d’entreprise ou encore d’élus.

DNC : Vous avez parlé de la nécessité d’efficacité des SEM, comment cela se mesure-t-il ?

Jacques Chiron : Cela se mesure par leur activité. La Sic, par exemple, construit beaucoup de logements. J’ai vu les projets en cours, ils sont énormes. Le Médipôle est un projet aussi porté par une SEM. On mesure aussi leur efficacité à leurs résultats. Les SEM doivent être équilibrées, elles ne peuvent pas être déficitaires. On la fait fonctionner avec les moyens que l’on nous donne mais ce qui est intéressant pour certaines SEM, c’est qu’elles se créent des moyens par leur activité ou leurs prises de participations dans l’économie locale. Cela permet ensuite de créer des projets nouveaux. C’est ça qui est intéressant avec une SEM, c’est que les résultats de ces structures, servent en général, non pas à distribuer des dividendes mais à réinvestir dans des entreprises ou aider à la naissance de nouvelle structures. En Nouvelle-Calédonie, on peut voir que ces aides pour la création de nouvelles structures sont non négligeables. L’action des SEM, c’est tout ça.

DNC : L’essor des SEM est-il lié à la contrainte budgétaire ?

Jacques Chiron : Il y a effectivement la problématique des coûts. Les collectivités ont de moins en moins d’argent. Il se fait rare et il faut pouvoir rationaliser, c’est aussi à ça que servent ces outils. Mais cet essor est aussi lié à la fois à l’implication des élus dans ces outils au service des citoyens.