Indignation suite à l’incendie de la case du Sénat coutumier

Après la bâche de la province Sud le mois dernier, c’est la grande case du Sénat coutumier qui a été incendiée dans la nuit de samedi à dimanche. Les autorités appellent au calme et à la sérénité, à quelques semaines du référendum.

Samedi soir, un homme de 29 ans, se présentant comme le secrétaire adjoint de l’association des squatteurs du radar de Nouville, a mis le feu à la grande case du Sénat coutumier. Arrêté juste après l’incendie, l’homme a reconnu son acte. Il a expliqué avoir agi en réaction à l’absence de soutien de la part des autorités coutumières au sujet de l’alimentation en électricité et la collecte des déchets du squat. Un geste qui a suscité une vive émotion de la part des autorités.

Appel au calme

Il est clair que l’incendie de la grande case a fait plus de bruit que celui de la bâche de la province Sud. Mais peut-être que les réactions ont été plus vives aussi puisque c’est la deuxième fois qu’une institution du territoire est visée, à quelques semaines du référendum. Hippolyte Wakewi Sinewami-Htamumu, le président du Sénat coutumier, a d’ailleurs réagi sur NC La 1ère pour appeler « au calme, à la sérénité. Il ne faut pas oublier les échéances qui arrivent ». Les représentants de deux provinces sont également dans la consternation. Sonia Backes, pour le Sud, a condamné cet acte et a tenu à « apporter son soutien aux sénateurs coutumiers et aux agents ». Paul Néaoutyine, pour le Nord, a eu la même réaction. « Il s’agit d’un coup porté contre la représentation coutumière et la symbolique de la case dans la culture kanak. » Et d’ajouter : « il s’agit d’un coup porté à l’institution chargée de la préservation et de la valorisation de l’identité kanak dans le processus de décolonisation ouvert par l’accord de Nouméa. »

Une condamnation unanime

Cet acte qui touche à nouveau une institution a été également condamné par le haut-commissaire de la République, Laurent Prévost, qui a tenu à « faire part de sa vive émotion devant la destruction de ce lieu emblématique qui a vu se dérouler tant de cérémonies d’accueil pour les visiteurs et les arrivants en Nouvelle-Calédonie leur permettant ensuite de poursuivre leur chemin au sein des huit aires coutumières ». Le représentant de l’État condamne « fermement » ce geste qui porte atteinte à l’institution coutumière et au-delà, à une institution de la Nouvelle-Calédonie. Tout comme le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, tenu informé de cet incendie volontaire, qui a également fait part de son émotion.

Côté gouvernement, c’est le président, Thierry Santa, qui s’est exprimé, déplorant « un tel acte criminel, qui touche un interlocuteur institutionnel majeur du gouvernement en matière de législation et de réglementation relatives à l’identité kanak ». Enfin, en ce qui concerne les groupes politiques, l’Avenir en confiance a publié un communiqué de presse. « Le 11 juillet, nous dénoncions les exactions commises contre la province Sud et nous étions consternés des dégradations par l’incendie de la bâche exposée sur l’hôtel de la province Sud. Aujourd’hui, c’est avec consternation que nous apprenons la destruction d’une case au Sénat coutumier. C’est avec les mêmes convictions que nous condamnons cet acte criminel dont les conséquences auraient pu être encore plus graves. »

L’homme, arrêté samedi soir, a été présenté devant la justice mardi. Reconnu coupable, il a été condamné par le tribunal correctionnel à 18 mois de prison avec un sursis probatoire, mais avec obligation de suivre des soins, de travailler ou de suivre une formation, de réaliser un travail d’intérêt général de 200 heures et d’indemniser le Sénat. L’audience sur intérêts civils est programmée au 28 septembre prochain. Pour le président du Sénat coutumier, présent à l’audience, cette peine va permettre à l’intéressé de se remettre en question et il pourra « donner réparation avec les heures de TIG au Sénat ou une autre collectivité. »

D.P. ©A.T. Facebook