Incident du pont de Mouli : les travaux retardés de deux mois

Une pièce métallique de 30 mètres de long avait glissé avant de tomber dans l’eau, début avril, causant une grosse frayeur à deux ouvriers. Les entreprises ont pris « deux à trois mois de retard », mais jugent qu’il est possible de le rattraper. La province des Îles ne veut pas de précipitation.

Le 6 avril, le chantier du nouveau pont de Mouli a connu un sérieux incident : une structure temporaire a glissé sur le côté, puis est tombée d’environ 80 centimètres de hauteur, avant de basculer. Cet « avant-bec », qui permet de relier les appuis du pont, est toujours immergé. Le pire a été évité : deux travailleurs se trouvaient sur l’ouvrage au moment du glissement de la pièce métallique, l’un d’eux était même en dessous quelques secondes plus tôt, comme le montre une vidéo diffusée sur le site web de NC La 1ère, qui attribuait alors l’incident aux vents de la dépression Fili. Et « aucune dégradation de l’environnement n’a été constatée » par la province des Îles.

L’incident est survenu sur la partie du chantier géré le groupe métropolitain Eiffage, indique la société Arbé, co-mandataire des travaux. « Un axe de guidage a été mal fixé. L’avant-bec a été mal guidé. Il est parti sur le côté puis est tombé », explique Éric Lafitte, directeur d’Arbé, qui précise qu’une cellule psychologique « a été mise en place pour accompagner l’ensemble des salariés concernés ».

Les surcoûts « ne seront pas répercutés »

« Eiffage a immédiatement envoyé un spécialiste, précise le directeur d’Arbé, et son bureau d’études est en train de refaire les notes de calcul. » La structure temporaire sera ensuite remise en place, puis les travaux pourront reprendre. Les surcoûts « ne seront pas répercutés » au client, la province. Il est question, pour l’heure, de « deux à trois mois de retard », mais « il est possible de le rattraper », estime Éric Lafitte, qui table donc toujours sur une mise en service du nouveau pont au mois de février 2023.

« Prendre le temps nécessaire pour faire les réparations »

Sur la question du calendrier, Jacques Lalié, président de la province des Îles, estime que la date de livraison importe désormais peu, au regard de la solidité de l’ouvrage. « J’ai demandé aux entreprises de prendre le temps nécessaire pour faire les réparations, indique-t-il. Le pont sera utilisé pendant 60 ans, c’est un investissement très lourd pour la province, il faut qu’il tienne. »

Le remplacement de l’ancien ouvrage, construit au début des années 1980, est un projet crucial pour Ouvéa. Le nouveau pont, qualifié de « prouesse » technique par le groupe Eiffage en raison du faible nombre de piles (deux contre cinq aujourd’hui pour 180 mètres de long), gage de préservation de l’environnement, représente un investissement de 2,7 milliards de francs, apportés à 55 % par la province et à 45 % par l’État.

 

Gilles Caprais (© Lucie Bourdin)