Gouvernement : casting au complet

Onze membres, trois nouveaux et huit reconduits : le casting du prochain gouvernement est désormais connu. Mais les figures des prochains président et vice-président de l’Exécutif font encore débat. Et, c’est le moins que l’on puisse dire…

Minuit moins le quart. – Les listes ont été déposées vendredi, comme prévu par la loi. Le matin pour celle des Républicains calédoniens, dans la matinée pour celles des indépendantistes, un quart d’heure avant minuit et la fermeture des grilles du Congrès, pour celle des plateformistes. Une vieille habitude chère au parti gomésien, « pour éviter les fuites » et s’offrir jusqu’à la dernière minute « une opportunité de négociation ».

Tous les noms… – Après leur élection par le Congrès, qui est une formalité comptable autant qu’une forme de représentativité des forces en présence dans l’hémicycle du boulevard Vauban, les membres du XVe gouvernement de la Nouvelle-Calédonie seront donc : Philippe Germain, Cynthia Ligeard, Hélène Iekawé, Bernard Deladrière, Nicolas Metzdorf, Christopher Gyges, pour les non-indépendantistes. Gilbert Tyuiénon, Jean-Louis d’Anglebermes, Didier Poidyaliwane, Déwé Gorodey et Valentine Eurisouké pour les indépendantistes. Six d’un côté ; cinq de l’autre : pas de surprise. La revue de détails est plus subtile.

Champmoreau remerciée. – Chez les plateformistes, Philippe Germain tire la liste composée de Cynthia Ligeard, Hélène Iekawé, et Bernard Deladrière. Nicolas Metzdorf, élu provincial depuis 2014 puis au Congrès et actuel patron de l’APICAN fait son entrée au gouvernement à 29 ans. Exit donc, Isabelle Champmoreau, dernière « yanniste » du gouvernement, qui tire sa révérence : Gaël Yanno propulsé président de l’OPT au bénéfice de la plateforme (qui ne servait pas à donner des postes à certains, comme chacun le sait maintenant) devra (pour l’heure) se contenter de ce lot de consolation, bien doté.

Gygès : nouveau challenge au gouvernement. – Toujours côté loyaliste, Christopher Gygès, qui tire la liste des Républicains calédoniens fera aussi son entrée au gouvernement, une institution dont il connait cependant tous les rouages comme la plupart des acteurs administratifs, pour avoir épaulé en qualité de collaborateur Sonia Backes, sous les gouvernements Martin et Ligeard. Derrière lui figurent, sur la liste des Républicains calédoniens, Philippe Blaise et Grégoire Bernut, qui ne seront pas élus, et continueront d’insuffler la voix du libéralisme et de la préservation des emplois dans les travées du Congrès. On le sait aussi, le vote de Christopher Gygès sera décisif pour élire un président loyaliste à ce gouvernement… À moins que les indépendantistes ne s’en mêlent comme en 2015 : mais cette fois, c’est hautement improbable !

Pas de changement à l’Uni-Palika. – Dans le parti de Paul Néaoutyine, où l’on prédisait le départ de Déwé Gorodey, rien ne change : « les équilibres UNI – Palika auraient été trop difficiles à préserver », dit-on. « Madame Gorodey » pourra donc se vanter d’être la seule à avoir appartenu aux 15 gouvernements de l’Accord de Nouméa… Valentine Eurisouké, conserve elle aussi son fauteuil. Et le suivant de liste est le maire de Yaté : Adolphe Digoué, qui signe son retour en grâce.

UC : exit Anthony Lecren. – Enfin, à l’Union calédonienne, c’est Gilbert Tyuiénon qui tire une liste où suivent Jean-Louis d’Anglebermes, le VP du gouvernement démissionnaire et Didier Poidyaliwane, actuellement directeur adjoint de l’ADRAF. La ligne de Daniel Goa, le président du plus vieux parti calédonien, s’est donc – partiellement – imposée, puisqu’il a obtenu de Roch Wamytan l’éviction d’Anthony Lecren. Mais elle laissera, c’est certain, des séquelles. Comme elle a contribué à éloigner les UC du Nord de ceux du Sud : dans ce parti les plats se resservent souvent froids !

Dès jeudi, ces nouveaux élus devront tenter de se donner un président et un vice-président : et là, les choses sérieuses commenceront.

 

M.Sp


Présidence : l’autisme de la majorité sortante

« L’économie calédonienne est atone », alerte vendredi matin le MEDEF qui demande plus d’écoute de la part du gouvernement. Dans le même temps, Les Républicains calédoniens demandaient à rencontrer les plateformistes pour leur proposer « d’infléchir leur politique économique ». L’un et l’autre se sont heurtés à l’autisme de Calédonie ensemble arc-bouté sur ses principes et qui n’a pas daigné répondre à ces sollicitations.

Un premier rendez-vous avorté faute de plateformistes, vendredi dernier. Peu importe, ils conservent espoir : « à 15 mois du référendum de sortie et dans un contexte économique morose, la Nouvelle-Calédonie ne peut se permettre une crise institutionnelle ou des majorités d’opportunité. Nous représentons 40 % de l’électorat de sensibilité loyaliste, affirment les élus du groupe de Sonia Backes, notre groupe politique ne présentera pas de candidat à la présidence du gouvernement. Néanmoins, il est pour nous important que le prochain président soit une personne consensuelle, et que nous affirmions une volonté commune d’agir pour améliorer le quotidien des Calédoniens, notamment pour ce qui concerne la situation économique, l’insécurité et la survie des régimes sociaux ».

Hasard du calendrier, le MEDEF avait choisi la même journée pour interpeller le gouvernement sortant et démissionnaire, afin de lui demander plus d’attention à l’économie « qu’il est en train de détruire ». Et surtout plus d’écoute, de considération et de mesures en faveur de ceux qui créent de l’emploi, « quand on ne leur ligote pas les mains ». S’il est urgent d’en parler, il ne reste que quelques jours pour le faire.

Il ne reste en effet que quelques jours pour répondre à ces questions qui pourraient engager le futur président de l’Exécutif calédonien sur le chemin du redressement… Calédonie ensemble détient les clefs de cette négociation : qu’en feront-ils ? Réponse cette semaine.