Goa tourne le dos au destin commun

L’UC a tenu samedi à Nouville son dernier comité directeur avant le référendum. Son président, Daniel Goa, a été direct, plaçant les anti- indépendantistes du côté de « l’axe du mal ». Des propos qui ont choqué et indigné les loyalistes et auxquels le président de l’UC à répondu.

L’objectif pour l’UC à trois semaines de l’échéance est de tout faire pour convaincre ls indécis tout come les partisans du non. Pour Daniel Goa, le message est clair :  » le peuple kanak, face à son histoire pour ce rendez-vous référendaire, doit en finir avec cette période coloniale. Ce n’est qu’une question de liberté et de dignité à retrouver. Sans cela, nous serons toujours diminués et nous n’aurons jamais d’égalité de chances dans ce pays. » Et de rajouter : « Il faut marquer notre intention de se décoloniser et de faire un nouveau peuple (…) Ce pays kanak, de toute façon, obtiendra inéluctablement son indépendance. » Même s’il a appelé à « cimenter le peuple calédonien », Daniel Goa met les anti-indépendantistes du côté de ce qu’il a appelé l’« axe du mal ».
Lors de ce dernier comité, il a également tenu à s’exprimer sur l’avenir en indiquant que « l’importance du résultat n’est pas la priorité, car le lendemain de la consultation référendaire, plus rien ne sera comme avant ». Au passage, il a notamment fait un clin d’œil à un changement de modèle résumé sous le terme « Kanexit », référence au Brexit du Royaume-Uni, pour évoquer la transition vers l’indépendance en cas de victoire du oui.

Les loyalistes indignés

Les Républicains calédoniens ont été les premiers à réagir. Pour Sonia Backes, « Daniel Goa s’est montré extrêmement virulent et agressif en faisant une véritable volte-face au projet de destin commun tant voulu par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur. Il a tenu des propos volontairement clivants et contraires à l’idée de paix sociale et institutionnelle, nécessaire en cette période de campagne référendaire, des propos qui démontrent clairement la volonté du président de l’UC de discriminer la partie majoritaire de la population calédonienne ». Et de poursuivre : « De telles phrases renvoient au nationalisme indépendantiste des années sombres d’avant les accords de paix. »

De son côté, Philippe Gomès, pour Calédonie ensemble a indiqué que « dans une telle campagne électorale, chacun doit peser ses déclarations, surtout quand on est le plus haut responsable d’une formation politique. Ces propos se rapprochent de ceux tenus par le Parti travailliste et ne ressemblent pas à Daniel Goa. Le non à l’indépendance ne doit pas devenir une opportunité pour certains d’effacer les 40 ans d’histoire qui se sont écrits depuis Nainville-les- Roches ».

Pour le Rassemblement-MPC, Gil Brial a rajouté : « Daniel Goa a tourné le dos aux règles démocratiques en niant par avance le résultat du référendum. Il a fallu des années pour se mettre d’accord sur la liste électorale et l’organisation du référendum et voilà que le leader du premier parti indépendantiste projette de ne pas en tenir compte. Il se met même en porte-à-faux avec les règles de l’Onu. » Il a poursuivi en disant que qualifier la France et les non-indépendantistes « d’axe du mal » était un non-sens. « Est-ce que la santé pour tous, c’est le mal ? Est-ce que le nouvel hôpital, c’est le mal ? Est-ce que l’école pour tous, c’est le mal ? Est-ce que les budgets des communes indépendantistes, c’est le mal ? Un tel jugement de valeur est absurde et inadmissible », a-t-il conclu.

Goa précise

Devant les propos tenus par les loyalistes à la suite de son discours, Daniel Goa a tenu, par voie de communiqué, à apporter des précisions avançant tout d’abord que Messieurs Gomès, Brial et Madame Backes ne sont pas assez assidus à la lecture de ses discours, car ce qu’il avait déclaré samedi avait a été dit à plusieurs reprises cette année. Le président rappelle aussi qu’il y aura deux autres référendums en cas de la victoire du non et qu’à la n des consultations, « l’Accord de Nouméa ne nous dit pas avec quels partenaires nous discuterons. Pour nous, ce sera l’État. »

Sur « l’axe du mal », qui a tant fait réagir depuis samedi, il précise que « la classe politique anti- indépendantiste, et elle s’en offusque, se réfugie derrière l’Accord de Nouméa, la poignée de main, le destin commun. L’axe du mal, ce n’est pas l’État ni les anti-indépendantistes, c’est le système qui a été mis en place et qui nous exclut tous aujourd’hui. Le peuple calédonien a été mis de côté au pro t de 35 000 arrivants, de multinationales, de groupes financiers locaux. » Daniel Goa précisant que « l’axe du mal », c’est se poser la question : « À qui profite les dérapages récurrents dès que de gros montants sont en jeu ? », citant des exemples de dépassements comme l’aéroport international, les Jeux du Pacifique, des projets d’énergies renouvelables ou les hôpitaux.

Pour « l’axe du mal, les Kanak, les Calédoniens, les enfants du pays en sont les victimes permanentes (…) Nous n’existons pas pour être les larbins de tous ces pilleurs, des fonctionnaires fraîchement débarqués qui ont pour seule recette de nous vendre tout ce qui ne marche pas en France et qui n’ont aucune capacité à reconnaître nos spécificités locales ». Et enfin de conclure « qu’en attendant que toutes les options négociées politiquement soient levées, nous envisagerons alors de nous rapprocher sereinement de notre colonisateur et interlocuteur, l’État français ». Le message est on ne peut plus clair…

C.S