Aircalin : Georges Selefen aux commandes d’une compagnie à l’équilibre

L’ancien directeur de la DITTT a été nommé par le conseil d’administration de la compagnie pour succéder à Didier Tappero, directeur général depuis 2012. La passation se fera le 1er juin. Georges Selefen reprend une entreprise à l’équilibre, après les profondes difficultés liées à la crise sanitaire.

Aircalin connaît son nouveau patron. Le conseil d’administration, réuni mardi 28 mars sous la présidence de Marcel Unë, lui-même nommé le 21 février, a entériné la candidature de Georges Selefen pour remplacer Didier Tappero, sur le départ en raison de la limite d’âge prévue par la compagnie (65 ans). Si on ne présente plus Didier Tappero, Georges Selefen est moins connu du grand public, quoique présent dans l’administration territoriale depuis des années.

Ce cadre a été chargé de mission du gouvernement aux transports (2012-2013), longtemps directeur de la DITTT (2013-2022) et, plus récemment, secrétaire général adjoint du gouvernement en charge des infrastructures publiques et des transports. « Ma préoccupation sera de m’assurer que la trajectoire de croissance et d’expansion est maintenue, de faire en sorte que cette compagnie reste un outil de développement pour l’économie, le tourisme, l’attractivité de la destination », a-t-il déclaré.

AIRCALIN RENOUE AVEC LA CROISSANCE

Car la compagnie internationale a surmonté une crise sanitaire historique, synonyme de 21 mois de suspension des vols commerciaux et d’une perte de 3,7 milliards de francs en 2020.

Pour résister, souligne Didier Tappero, Aircalin a pu compter sur un niveau de trésorerie satisfaisant en 2019, un soutien fort de la Nouvelle-Calédonie au travers de la réquisition des vols, du dispositif de chômage partiel et d’allègement des charges sociales, et de l’État grâce à un prêt garanti de 4,8 milliards et certaines aides publiques.

Le directeur général a aussi rendu hommage à ses équipes « qui ont accepté de gagner moins et de travailler plus » avec un « engagement sans faille dans des conditions difficiles ». Le plan d’économies a permis de réduire jusqu’à 40 % des coûts fixes d’exploitation. Et après une réduction des effectifs de 20 % via un plan de départ volontaire, la compagnie est à nouveau en phase de montée en puissance, elle embauche.

Code share avec Aircal

Un accord de code share a été signé entre Aircalin et Air Calédonie en décembre 2022. Il permet à Aircalin de proposer à la vente le réseau domestique et à Air Calédonie d’afficher ses vols dans les systèmes de distribution mondiaux.

Une opportunité de croissance pour toute la filière touristique, des îles en particulier. L’idée est d’aligner les horaires de connexion avec les vols domestiques.

 

Les vols à destination de la Métropole avaient pu reprendre en décembre 2021. 2022 a été marquée par la reprise progressive de l’activité régionale, la réouverture sur le Japon avec néanmoins la contrainte de l’augmentation des temps de vol en raison de la guerre en Ukraine. La faiblesse du trafic japonais, dont la reprise n’est pas attendue avant le second trimestre, a conduit la compagnie à investir Singapour de manière anticipée.

Une réussite, avec des lignes « immédiatement bénéficiaires ». En 2022, Aircalin a retrouvé 65 à 70 % du trafic de 2019, année de référence pré-covid. La compagnie clôture l’exercice avec 118 millions de francs de bénéfices et une marge d’exploitation de 400 millions, de quoi « écarter le risque pour 2023, voire 2024 », estime Didier Tappero. Son endettement (remboursement des avions et du PGE déjà engagé) est jugé « tout à fait supportable ».

FEUILLE DE ROUTE

Une situation positive donc (même si fragile), sachant que la compagnie ne dispose pas encore de toute sa flotte. La livraison du second A320neo, repoussée en raison de la crise, est programmée pour décembre. Cet avion est intimement lié au développement touristique régional et permettra une desserte quotidienne à Sydney, trois à quatre vols par semaine vers Auckland.

Didier Tappero évoque aussi « une possible réouverture de Melbourne qui nous avait permis de franchir la barre symbolique des 100 000 touristes », une augmentation des fréquences vers la Polynésie française (deux à trois par semaine), avec escale à Fidji, pour ouvrir grand le hublot vers les États-Unis.

Aircalin va intensifier ses fréquences sur Singapour, renforcer l’axe Japon pouvant atteindre un vol quotidien vers Tokyo. Mardi soir, Marcel Unë et Didier Tappero partaient en Métropole pour travailler sur un code share avec Air France sur les vols au départ de Singapour. Aircalin pourrait opérer les Nouméa- Paris-Nouméa et accentuer ainsi sa visibilité sur les marchés européens.

Chloé Maingourd

Georges Selefen, prochain directeur général d’Aircalin, Marcel Unë, président du conseil d’administration, et Didier Tappero, actuel DG, entré dans la compagnie en 1989. / © C.M.