François Bayrou, « sensible au dossier calédonien »

François Bayrou s’est rendu en Nouvelle-Calédonie peu avant les élections législatives de 2007 pour apporter son soutien au candidat Didier Leroux. (© Stéphane de Sakutin / AFP)

Le nouveau Premier ministre sera très rapidement confronté aux urgences calédoniennes, tant budgétaires que politiques. Cet homme du Mouvement démocrate n’est pas inconnu sur le territoire.

Touché par une motion de censure, le LR Michel Barnier, Premier ministre durant 91 jours, a cédé le fauteuil de Matignon au MoDem François Bayrou vendredi 13 décembre. Cette nomination, apparue au terme d’un rapport de force avec le président de la République Emmanuel Macron qui lui préférait le fidèle Sébastien Lecornu, s’inscrit dans une grande instabilité à l’Assemblée nationale, mais aussi dans une urgence politique et une souffrance financière en Nouvelle-Calédonie.

Les parlementaires loyalistes n’ont d’ailleurs pas perdu de temps. Dans une tribune du journal L’Opinion publiée le jour même de la désignation et cosignée par 70 élus, le député Ensemble pour la République Nicolas Metzdorf et le sénateur Les Républicains Georges Naturel ont appelé le nouveau Premier ministre à « sauver les Calédoniens de la crise humanitaire et économique ».

DE MAIN EN MAIN

À Nouméa, les politiques locaux n’ont pas multiplié outre mesure les commentaires après la promotion de François Bayrou, parce que ces responsables veulent d’abord connaître le nom de la personnalité qui héritera du dossier. Mercredi soir, à l’heure du bouclage de ce numéro de DNC, la composition du gouvernement national n’était pas encore dévoilée. La question de l’interlocuteur parisien est légitime, puisque, sans remonter très loin dans l’Histoire, les préoccupations de l’archipel ont souvent changé de main.

Du Premier ministre Édouard Philippe aux hommes très proches du chef de l’État, les ministres des Outre-Mer Sébastien Lecornu puis Gérald Darmanin, avant les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, chargés par le Premier ministre Michel Barnier, de réinstaurer le dialogue. Sauf que la méthode et le calendrier proposés déplaisent ou interrogent dans les rangs indépendantistes.

L’Union calédonienne renvoie au FLNKS la légitimité de la négociation sur l’avenir institutionnel, une discussion qui ne pourra débuter qu’après le congrès du Front prévu dans la deuxième quinzaine de janvier. Tandis que, pour le Palika, « il faut que l’État annonce l’ouverture des négociations sur l’avenir ‒ à moins que les présidents Larcher et Braun-Pivet soient officiellement les négociateurs de l’État », et « la légitimité des négociateurs est une véritable question ». Autrement dit, le fil du dialogue n’est pas renoué.

« FRANÇOIS BAYROU A ÉTÉ TENU INFORMÉ »

Cet insuccès ramène de fait la responsabilité du dossier calédonien au sein de l’exécutif, et plus particulièrement à Matignon, dans les bras de François Bayrou. « Je ne sais pas encore quel est son état d’esprit nous concernant, mais jusqu’ici le groupe MoDem à l’Assemblée nationale a toujours suivi la ligne présidentielle », a écrit Nicolas Metzdorf le 13 décembre. « À voir ce qu’il en sera du Premier ministre. » Une équipe se constitue, et un signe est notable. Selon une information du média Outremers360°, Éric Thiers, membre de l’ancienne mission sur la Nouvelle-Calédonie aux côtés de Rémi Bastille et Frédéric Potier en place juste après l’éclatement des émeutes, devrait rejoindre le cabinet du nouveau Premier ministre, en tant que conseiller spécial.

Vu le cas de la Nouvelle-Calédonie, François Bayrou ne peut que s’intéresser à son actualité et à ses pressantes contraintes. Le natif de Pau s’est rendu deux fois sur le territoire par le passé. « Il est sensible au dossier calédonien et il a été tenu régulièrement informé notamment par Didier Leroux et moi-même » observe Pascal Vittori, ancien membre du MoDem, aujourd’hui adhérent Les Centristes. « C’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience, qui connaît la Calédonie, qui est modéré et qui est susceptible de discuter avec tout le monde. » L’État serait ainsi un facilitateur pour l’émergence d’une solution sur l’avenir institutionnel travaillée entre Calédoniens.

Yann Mainguet

Échos

« Une solution trouvée »

Selon le député Nicolas Metzdorf, le ministre du Budget « a indiqué que lui et ses services ont trouvé une solution » pour ne pas attendre le budget 2025. « Il est possible de déclencher des crédits d’urgence dès le début de l’année en se basant sur le projet de loi de fin de gestion. Ces crédits pourraient combler la situation urgente pour les premiers mois de 2025. Une solution qui permet donc à la Nouvelle-Calédonie d’attendre un budget de l’État pour 2025 avec sérénité. »

Un septennat envisagé

Dans l’objectif d’apporter vision et stabilité au sein des institutions politiques calédoniennes, l’ancien sénateur Simon Loueckhote propose d’instaurer un mandat de sept ans pour les élus provinciaux – au lieu de cinq ans aujourd’hui. Le président de la collectivité ne pourrait se présenter qu’une seule fois à la fonction.