François Asselineau : « Les Calédoniens doivent s’assumer en tant que Français. »

François Asselineau, candidat à la présidentielle de 2017, et président de l’Union populaire républicaine (UPR), est en Nouvelle-Calédonie jusqu’au 6 octobre pour prendre part à la campagne de la consultation du 4 novembre. L’occasion de répondre à nos questions. Rappelons que l’UPR compte 134 adhérents sur le territoire, 32 000 sur le plan national et que le parti a recueilli au premier tour de l’élection présidentielle 2,41 % des suffrages exprimés en Nouvelle-Calédonie, un score plus de deux fois supérieur à celui obtenu au plan national (0,92 %).

DNC : François Asselineau, avant de parler de votre séjour ici, pouvez-vous nous rappeler les fondements et les origines de l’UPR ?

François Asselineau : C’est un mouvement de libération nationale que j’ai créé il y a 11 ans et demi, basé sur l’honnêteté et la confiance. Nous estimons que la France n’est plus indépendante, qu’elle est dirigée depuis l’étranger par la Commission européenne à Bruxelles, par la Banque centrale à Francfort et par l’Otan à Washington. Nous voulons donc revenir à ce qu’elle était, le pays des hommes libres. À cet effet, nous voulons une France souveraine en proposant une sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan. Lors de la création de l’UPR, les gens pensaient que j’étais tombé sur la tête, alors même que je connaissais très bien le problème puisque je travaillais dans les cabinets ministériels, auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur sous Balladur et aux A aires étrangères sous le gouvernement Juppé. J’avais donc indiqué qu’il fallait absolument sortir de l’Europe et, aujourd’hui, les événements nous donnent raison.

Vos résultats lors de la présidentielle ont été bien supérieurs ici que sur le plan national, comment expliquez-vous cela ?

En France, l’élection a été une véritable escroquerie. J’ai eu 1 % du temps de parole quand Monsieur Macron a eu 28 %. Nous avons depuis des années un verrouillage médiatique parce que nous dérangeons avec nos analyses fiables. Pourtant, nous sommes devenus le quatrième parti de France avec 34 000 adhérents et notre site Upr.fr est le plus consulté de tous les partis français. Nous connaissons les dossiers, nous n’avons pas de plaisantin en nos rangs, nous sommes honnêtes, scrupuleux et c’est sûrement pour ces raisons que les grands médias métropolitains nous ferment leurs portes. Des médias qui ont désorienté les Français et en payent les conséquences aujourd’hui. En Calédonie, la couverture médiatique est tout autre, la répartition des temps de parole est bien meilleure dans les médias locaux et puis l’impact des réseaux sociaux est aussi plus important. Si c’est une première explication, la deuxième réside dans les personnes qui composent la Calédonie. On a remarqué que 6,5 % de nos adhérents sont des expatriés, des personnes qui ont voyagé, qui ont une certaine sensibilité d’analyse et d’écoute, une ouverture d’esprit peut-être plus affûtée, une vision plus juste de ce qu’est le monde. Ils sont donc plus à même de faire leur propre choix et le bon choix, d’où nos résultats supérieurs ici que ceux obtenus sur le plan national. Nous proposons un discours qui permet, à ceux ou celles qui le souhaitent, de retrouver confiance en la France.

Venons-en à votre venue dont l’objectif principal est de prendre part à la campagne de la consultation du 4 novembre. Quelle est votre position sur le référendum ?

Notre discours est clair, c’est le non à l’indépendance. Certes, j’ai regardé les tracts du FLNKS et il y a des choses sympathiques dedans, sur l’idée de deux communautés qui se respectent, qui se reconnaissent, qui regardent ensemble vers l’avenir. Mais il y a un problème de fond, qui paye quoi ? 71 % du budget du territoire vient actuellement de la Métropole. Alors ce que je vais tenter de dire aux indépendantistes, c’est qu’à l’heure où tant de migrants économiques veulent être accueillis par la France pour bénéficier de son système de santé, de sa protection sociale, de son éducation, son savoir, son histoire et j’en passe, je leur dis : vous avez ici une chance incroyable de bénéficier des atouts de l’un des pays les plus riches du monde et de ses avantages, et ce, avec une certaine autonomie, alors profitez-en ! Ne commettez pas la bêtise de partir de ce système. Nous sommes tous français, il faut regarder maintenant vers l’avenir.

Justement que souhaitez-vous pour l’après-référendum ? Quel avenir souhaitez-vous pour la Calédonie ?

Avant tout, il me semble que le résultat du référendum semble acquis. Mais je suis de ceux qui préfèrent attendre le coup de sifflet final avant de se prononcer. Attendons de voir les pourcentages le 4 novembre au soir. Toutefois, ce que je veux dire, au même titre que la France est un atout pour la Calédonie, la Calédonie est un atout pour la France. Il faut absolument éviter qu’elle devienne un lac anglo-saxon sinisant. Au niveau institutionnel, la Nouvelle-Calédonie est déjà dans une large autonomie. Les problèmes régaliens sont ceux qui sont financés par l’État. Mais vous savez, j’en profite pour rappeler qu’à Bercy, il y en a qui ne veulent qu’une chose, c’est se débarrasser de la Nouvelle-Calédonie parce qu’elle coûte 1,5 milliard d’euro, alors que les finances de l’État sont dans le rouge en certains points.
À l’UPR, nous pensons qu’il faut absolument préserver cet acquis d’autonomie et arrêter de parler de changement de statut. Il paraît curieux aussi que personne ici n’ait demandé la départementalisation. Nous proposons donc une Calédonie autonome comme elle l’est aujourd’hui, une autonomie qui est déjà considérable dans une France souveraine et sortie de l’Europe. Je trouve que les Calédoniens devraient non pas envisager, pour ceux qui le souhaitent, une indépendance factice, parce que si la Nouvelle-Calédonie devenait indépendante et que d’un seul coup, il lui manquait les trois quarts de son budget, elle deviendrait un protectorat australo-chinois avec ce que cela implique pour la communauté kanak.

Et puis il faut dire les choses, les Calédoniens vivent clairement au-dessus de leurs moyens et ce n’est pas le nickel qui va permettre d’assurer le devenir du territoire. La Calédonie ne peut être indépendante même s’il y a eu des faits, des drames historiques, un regard porté sur le monde kanak qui a été atroce et a marqué les esprits. Alors c’est vrai qu’il y a des choses que l’on doit se faire pardonner, mais il faut aller de l’avant, car nous ne sommes que les héritiers de faits qui se sont produits il y a plus de 150 ans. Il faut passer, savoir regarder plus loin pour construire ensemble et surtout regarder l’avantage qu’il y a de bénéficier de la France dans la mesure où l’on respecte la culture et l’histoire kanak. Les Calédoniens doivent s’assumer en tant que Français et aider la France à sortir du piège de l’Union européenne. Et puis je tiens à dire une chose importante, je trouve plus que scandaleux de voir que 30 000 personnes n’ont pas le droit de vote, des Français sur une terre française. En ce sens, nous demandons bien évidemment le dégel du corps électoral.

Est-ce que l’UPR va prendre part aux provinciales et dans quelle mesure ?

Oui, nous caressons l’idée d’y aller, sachant qu’un parti politique, c’est fait pour se présenter parce que nous avons vraiment à apporter. Mais je ne sais pas exactement encore dans quelle configuration. Nous allons voir si nous y allons seuls, si l’on doit faire alliance, peut-être dans une liste d’intérêt local avec des gens étiquetés UPR, je ne sais pas encore, mais je suis certain qu’il faut que nous soyons aux provinciales parce que nous avons une voix dissonante, de bon sens, de rassemblement, d’honnêteté et de sincérité. Nous allons essayer de prendre d’une manière non polémique les problèmes pour présenter une vision du XXIe siècle que nous proposerons en temps voulu. Quoi qu’il en soit, nous ne dérogerons en aucun cas à notre charte qui est de tout faire pour sortir de l’Europe. Et si association il y a avec un mouvement ou un autre parti, il faudra nécessairement que nos opinions et que notre charte soient respectées.

Vous avez tenu une conférence mercredi sur le thème « Peut-on encore avoir confiance dans la politique », quelle est justement votre position à ce sujet ?

On a retiré aux Français le pouvoir de décision. Les élections sont devenues des rites procéduraux, médiatiques. Il y a des Français qui votent un peu comme ils votent pour la Star Academy, de manière irréfléchie. L’idée, c’est que nous n’allons plus au fond des choses, que nous ne sommes plus en démocratie. La politique devrait être noble et les gens devraient croire en leurs hommes politiques. Mais pour cela, il faut que les gens arrivent à avoir plus de discernement. Prenez, par exemple, Madame Le Pen ou Monsieur Mélenchon qui ont, durant la campagne présidentielle, dit tout et son contraire. Quelle confiance pouvez- vous leur accorder ? Pourtant, il y a des gens qui continuent de les soutenir, les mêmes qui se plaignent aujourd’hui d’avoir élu un représentant à l’Élysée qui ne correspond pas à leurs attentes, à ce qui avait été promis. Il faut donc absolument du discernement, que les Français se prennent en charge et, en face, il faut des politiques honnêtes qui disent toujours la même chose et d’une manière cohérente. C’est ce que je dis aussi aux Calédoniens, ayez du discernement, prenez-vous en main, assumer vous en tant que Français dans une France souveraine.

C.S