Avec 10 000 emplois perdus dans le privé depuis le mois de mars, selon l’Isee, le taux de chômage est particulièrement élevé, faisant de la reconversion professionnelle une thématique majeure des prochains mois.
Le nombre de demandeurs d’emploi recensés en octobre atteint 9703 personnes, d’après Philippe Martin, directeur du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DTEFP). Si une part d’entre eux vont pouvoir se replacer professionnellement dans un même secteur d’activité, pour d’autres, la reconversion s’avèrera nécessaire.
Pour le gouvernement, qui va devoir se pencher sur le sujet, plusieurs problèmes se posent. D’abord, le nombre d’offres d’emploi actuel, bien inférieur à la demande. « Au mois d’octobre, il était de 783, soit 46% de moins qu’il y a un an à la même date », indique Philippe Martin.
IDENTIFIER LES BESOINS RÉELS
Autre problématique : l’inadéquation entre ce que les demandeurs d’emploi recherchent et les principaux secteurs d’activité pourvoyeurs d’emploi (le commerce et la grande distribution, le support aux entreprises et le service à la personne). Par exemple, seuls 697 personnes cherchent un emploi dans le secteur du commerce et de la grande distribution. « Pour le secteur support aux entreprises, il y en a 924 », relève le directeur du travail et de la formation.
Tout le défi, pour 2025, va donc être de savoir « vers quelles actions porter l’effort financier ». Car si « nous ne sommes pas trop inquiets quant au budget alloué à la formation professionnelle […], la ressource va être rare, il ne faut pas que l’on se trompe, souligne Philippe Martin. La difficulté va être d’anticiper le besoin d’ici la mi-année 2025 pour essayer de préparer au mieux les personnes qui cherchent à se réinsérer professionnellement ».
Le gouvernement projette de travailler en « deux temps », avec une première programmation prévue sur le premier semestre, qui se focalisera sur les professions dites « essentielles », dont « le besoin est toujours présent » (infirmiers, aides-soignants, agents de sécurité privés, etc.), puis une programmation complémentaire se fera sur le deuxième semestre. Elle tiendra compte des « nouveaux besoins repérés » et des capacités financières. « Il y a un effet retard par rapport à l’urgence aujourd’hui, mais il faut vraiment qu’on s’attache à bien repérer quels sont les besoins réels », insiste Philippe Martin.
Deux outils peuvent être utilisés par le demandeur d’emploi : le bilan de compétences et la validation des acquis de l’expérience (VAE). Le premier consiste en une analyse des compétences détenues par le salarié permettant, à termes, de construire un projet professionnel. Il est proposé par la CCI, Âboro Consulting, Atout Plus Groupe, le GIEP-NC et d’autres. La VAE permet, elle, de valoriser des compétences et des expériences professionnelles dans le but d’obtenir un diplôme sans passer par la case formation. Elle peut être effectuée auprès du Fonds interprofessionnel d’assurance formation (Fiaf NC). La Nouvelle-Calédonie peut également financer le parcours VAE d’un demandeur d’emploi qui en fait la demande auprès de DTEFP.
Afin d’avoir un premier aperçu du monde de l’entrepreneuriat, la CCI organise des ateliers gratuits sur plusieurs thématiques. Un « premier pas » avant de potentiellement demander un accompagnement avec un conseiller CCI. Cet accompagnement peut également être sollicité auprès d’associations spécialisées, telles que l’Adie et Initiative NC, qui suivent et financent les projets d’entreprise. Le dispositif Pro’Sud de la province Sud peut en outre outiller les chefs d’entreprise au travers de différentes sessions de coaching (gestion comptabilité, marchés publics, commercial et relation client, stratégie marketing, etc.).
Que l’on choisisse de rester dans le salariat ou de créer son entreprise, le recours à certaines formations peut s’avérer nécessaire. Dans ce cadre, la CCI propose les « Be + », des parcours de formation aux thématiques diverses (hygiène sécurité environnement, communication digitale, management…), permettant d’obtenir des qualifications au bout d’un certain nombre d’heures. La province Sud met également à disposition des formations, ainsi que le Greta.
Cap Emploi, qui recense plus de 4 000 demandeurs d’emploi, est en train de travailler sur deux outils de reconversion professionnelle. Le « pass immersion », permettant d’aider à trouver une voie professionnelle grâce à une batterie de tests, et le « pass emploi », dont l’objectif est de favoriser le placement des personnes éloignées de l’emploi.
Nikita Hoffmann