Formation : « On s’accroche et on va y arriver ensemble »

Katia Enoka (à gauche) et Nelly Monin, stagiaires de la filière sociale de l’IFPSS. © G.C

Katia Enoka et Nelly Monin ont entamé le 29 juillet une formation d’accompagnatrice de vie au sein de l’IFPSS¹. Calendrier bousculé, transport coûteux, formation intense… C’est par la « solidarité » que les stagiaires auront leur diplôme.

Le gros classeur déborde déjà, un mois seulement après le début de la formation. Et il continue de s’épaissir. Sous le faré attenant à la salle de classe de l’Ifap², à la Vallée-des- Colons, Nelly et Katia rédigent des fiches synthétiques pour préparer la prochaine interrogation. « C’est une formation dense. Il y a beaucoup d’intervenants : infirmiers, aides-soignants, ambulanciers… Et on part en stage dans deux semaines. Il faut tenir le rythme », explique Nelly Monin, 31 ans, qui ne se plaint aucunement.

Elle s’estime même « privilégiée » par rapport aux sections de santé de l’Institut, toujours à l’arrêt, trois mois après l’incendie des locaux de Nouville. Sa promotion, celle des accompagnateurs de vie, a été lancée le 29 juillet, deux mois plus tard que prévu. « On était dans le flou, et puis le démarrage nous a donné beaucoup de motivation. On a rebondi. Dès qu’on s’est rencontrés, nous les 14 stagiaires de la classe », 13 femmes et un homme, « il y a eu un effet de solidarité. Il faut qu’on réussisse tous ensemble, en s’entraidant, on l’a compris immédiatement ».

En partageant les repas, les premiers jours, quand la complexité des journées n’avait pas permis à certaines stagiaires de préparer leur déjeuner. « L’équipe pédagogique est aux petits soins avec nous. Plusieurs personnes ont mis de leur poche pour nous payer un repas », salue Nelly. En partageant les voitures, surtout. Habitante de Dumbéa, Nelly aurait eu plus de facilité à se rendre en bus aux locaux historiques de l’Institut. Elle a la chance de pouvoir covoiturer avec sa nouvelle copine.

« ÇA FAISAIT LONGTEMPS QUE JE VOULAIS M’ENGAGER DANS LA SANTÉ »

« Le transport, c’est le plus compliqué, surtout depuis que le réseau Tanéo est à l’arrêt. Le carburant coûte trop cher », regrette Katia Enoka, 39 ans, qui s’attendait à un soutien financier spécifique, en complément de la petite indemnité que perçoivent les stagiaires. Mais Katia refuse de trop noircir le tableau. Elle est reconnaissante, elle aussi, du lancement de la formation. Elle est impatiente de rejoindre l’Ehpad La Cordyline, à Nakutakoin, d’ici quelques semaines. Ce stage sera la première concrétisation de sa reconversion, après plusieurs années dans l’hôtellerie, où le rythme du travail nocturne était difficilement conciliable avec celui de la vie de famille.

« Faire les nuits, c’est très dur. Il fallait que je puisse m’adapter pour mes enfants. Et puis ça faisait longtemps que je voulais m’engager dans la santé. » Au foyer Paul-Reznik, l’après-midi même, elle apprendra quelques bases de la manutention, de la confection de repas adaptés aux diabétiques, de l’hygiène en structure de santé. « C’est le début de quelque chose de nouveau pour moi, c’est très positif », savoure Katia, qui devrait être diplômée à la mi-2025. « Alors même si le rythme est intense, même si ce n’est pas facile de gérer les cours et la famille en même temps, on s’accroche et on va y arriver ensemble. »

Gilles Caprais

1. Institut de formation des professions sanitaires et sociales (IFPSS)

2. Institut de formation à l’administration publique (Ifap).