La ville de Nouméa est dans « une situation délicate », estime le secrétaire général, Jean-Gaël Granero.
Parce qu’il est aujourd’hui difficile d’avoir une vue sur les recettes à percevoir. Collectrice de la fiscalité, la Nouvelle-Calédonie « doit, au 25 octobre, à la commune, 5,5 milliards de francs », explique le cadre de l’administration. Soit « quasiment une année d’investissements, c’est énorme ». L’ardoise remonte à décembre 2023, c’est-à-dire avant le début des émeutes, et ce, en raison des sévères tensions budgétaires des finances territoriales.
Nouméa dispose des services des pompiers, des policiers, du centre funéraire, du ramas- sage des ordures ménagères… « donc les besoins primaires de la population, liste Jean-Gaël Granero. Si nous n’avons plus d’argent, comment fait-on ? » La municipalité compte 1 600 agents, ce qui représente 800 millions de francs de masse salariale par mois. Il faut en outre payer l’eau, l’électricité… Or, le montant versé par la Nouvelle-Calédonie via le fonds intercommunal de péréquation (FIP) à la ville est en ce moment de l’ordre de 100 à 170 millions de francs par mois, au lieu de 400 millions d’ordinaire.
Devant un tel tableau, la « capitale » a multiplié les mesures. Il sera proposé aux élus très bientôt de baisser l’investissement de 19 % et le fonctionnement de 11 %. Des postes ne sont déjà pas renouvelés.
RÉINTERNALISATION
Des missions telles que l’entretien des espaces verts ou des plages sont réinternalisées. L’équation comptable reste toutefois bancale, en l’absence de ces 5,5 milliards de francs. « À partir de février, je ne pourrai plus payer les salaires de la ville », déplore le secrétaire général.
À Nouméa, les dégâts liés à l’insurrection s’élèvent à huit milliards de francs. Pas moins de 31 bâtiments ont été touchés dont 11 détruits, notamment des écoles. Des négociations sont en cours avec l’assureur afin de connaître avec précision la hauteur de l’indemnisation.
Dans ce contexte d’extrêmes difficultés financières, la ville de Nouméa échange de façon régulière avec l’État, et « il y a une écoute attentive » de la part de ces services de la République, se réjouit Jean-Gaël Granero. Une aide financière est attendue.
Y.M.