Faut-il augmenter le salaire minimum ?

À quelques jours du début des négociations sur le niveau des salaires, plusieurs syndicats estiment que la situation économique des ménages les plus pauvres impose une hausse du salaire minimum garanti (SMG), ce que le patronat juge difficile à réaliser.

« Quand on gagne 135 000 francs par mois, après le loyer et les factures, il reste quoi pour se nourrir ? » Pour Bress-Nell Porcheron (USTKE), c’est une évidence, il est « impératif » d’augmenter le SMG. « La période n’est pas la plus propice, concède le secrétaire de la fédération commerce, mais les salariés sont les plus pénalisés. » L’USTKE propose de porter le SMG au niveau de l’actuel salaire médian, soit 149 000 francs nets, à quelques jours du lancement de longues négociations, branche par branche, sur le niveau des salaires.

« Les discussions s’annoncent compliquées », prévient Mimsy Daly, qui voit des situations « très contrastées » selon les secteurs et les entreprises.

Deux logiques opposées

Pour la présidente du Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie (Medef), des augmentations de salaire « ne pourraient pas répondre à l’inflation telle qu’elle se profile », et généreraient un cercle vicieux. « Si les charges des entreprises augmentent, il y a un risque sur l’emploi. Et la priorité, c’est de le préserver. »

Milo Poaniewa, secrétaire général de l’Usoenc, répond par un raisonnement inverse. « Les patrons sont frileux, mais si les gens gagnent plus, ils consommeront davantage. Ce sera bon pour les chiffres d’affaires, bon pour la croissance. » Son syndicat avait proposé, en 2020, de porter le SMG à 164 000 francs nets.

« La marmite sociale bout »

« On ne peut pas rester insensible à la baisse de pouvoir d’achat des salariés », admet Jean-Louis Laval, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P). Augmenter directement le SMG, cependant, est une affaire « complexe ». « On pourrait baisser les cotisations sur les bas salaires… Mais cela signifierait moins de rentrées pour le Ruamm. »

Jean-Louis Laval pense que le consensus est atteignable sur un point au moins : la suppression du salaire minimum agricole, le Smag, 115 000 francs nets. « Il faudrait le mettre au même niveau que le SMG, une bonne fois pour toutes. Ce n’est pas insurmontable, j’espère que ce sera réglé cette année. »

Quelles que soient les mesures, pour Milo Poaniewa, il y a urgence à « relever le pouvoir d’achat ». Les « cabanes » qui se multiplient, le retour des manifestations contre la vie chère sont le signe que « les gens sont prix à la gorge ». « La marmite sociale bout. Si on ne fait rien, elle nous pétera à la figure à tous. »

 

Gilles Caprais (Infographie D.M., source Isee)