Un groupe d’experts travaille depuis le début de la crise sanitaire à modéliser différents scénarios en cas d’introduction du Covid sur le territoire. Si c’était le cas demain, avec 30 % de Calédoniens éligibles vaccinés, le système de santé serait saturé.
Et si on vivait avec le virus ? Une question au cœur des débats, certains estimant que le modèle Covid-Free actuel n’est plus tenable financièrement. Quelles conséquences aurait l’introduction du variant sur le territoire ? Un groupe de sept experts, mandatés par l’ancien président du gouvernement, Thierry Santa, travaille sur le sujet depuis le début de la crise. Morgan Mangeas, directeur de recherches en mathématiques appliquées à l’IRD, en fait partie. Son rôle est de réaliser des modélisations sur ce qu’il pourrait arriver en fonction de l’évolution de la maladie et de différents paramètres, parmi lesquels le taux de vaccination. « Nous nous sommes inspirés des situations en Polynésie française et à Wallis-et- Futuna, qui ont des contextes insulaires proches des nôtres, et nous allons également prendre en compte ce qui se passe à Fidji », développe le mathématicien. Une fois les paramètres fixés, « nous exploitons les modèles pour évaluer différents scénarios et estimer les impacts sanitaires ».
Un outil de décision
Premier scénario : avec une couverture vaccinale de 30 %, c’est-à-dire la situation actuelle, que se passerait-il si un cas accidentel se déclarait ? « Tout dépend du temps qui serait mis pour le détecter, appuie Morgan Mangeas. Si on prend un scénario médian de quinze jours, on peut enrayer l’épidémie avec un confinement strict. En revanche, si on décide de ne pas le mettre en place, avec des mesures d’atténuation du type de celles appliquées en Polynésie, il pourrait y avoir une épidémie de 20 000 cas avec des services hospitaliers, notamment de réanimation, saturés. »
Autre scénario avec 50 % de la population éligible vaccinée. « Il y aurait sept fois moins de pression sur l’hôpital. L’épidémie serait gérable. » Et avec un taux de 75 % ?«La prise de mesures fortes ne serait pas nécessaire, mais il faudrait instaurer la distanciation, le variant étant très contagieux. » Est-ce envisageable ? « On a suffisamment de doses pour vacciner 100 % des Calédoniens éligibles. Donc s’il y a la volonté, on peut atteindre les 50 %. »
Le groupe d’experts s’est également penché sur ce qu’il se passerait en cas d’ouverture des frontières. « Le risque est mesuré, il est de un passager sur 10 000 pour un non-vacciné avec une quatorzaine comme pour un vacciné avec une septaine, poursuit Morgan Mangeas. Le gouvernement a instauré des alertes de 1 à 4 en fonction du risque de propagation lié au temps de détection du cas, s’il y a des clusters, etc. Cela donne une idée de la dynamique épidémique et permet de déterminer un niveau d’alerte en conséquence, la 4 étant le confinement strict, les autres passant par différents stades, la distanciation, les masques, etc. » Le gouvernement Mapou envisage aussi de s’appuyer sur ce groupe d’experts. Yannick Slamet, porte-parole du gouvernement, l’a évoqué hier, lors du point presse hebdomadaire.
A.-C.P