Nommé récemment président du groupement national des directeurs de Suaps, les services universitaires des activités physiques et sportives, Éric Michalak œuvre pour une équité entre les étudiants ultramarins et métropolitains.
Originaire du nord de la France, Éric Michalak découvre le sport relativement tard, à 14 ans. « On avait peu de moyens et ma mère ne voulait pas que j’aille traîner dans le quartier », se souvient-il. Après un bref passage par le football, c’est finalement le handball qui le séduit. « Il pleuvait souvent dans la région, alors je revenais toujours vers les salles », un choix payant puisqu’il grimpe rapidement les échelons jusqu’à évoluer en Nationale 2 et décrocher un titre de champion de France universitaire. Cette passion pour le sport l’a conduit à passer une licence Staps, sciences et techniques des activités physiques et sportives, pour devenir professeur de sport. « J’ai aussi passé mon Capeps et l’agrégation d’éducation physique et sportive en étant étudiant salarié. »
Il y a 25 ans, Éric Michalak fait le choix de s’installer en Nouvelle-Calédonie, attiré par la richesse culturelle et la beauté du territoire. « Pour moi, c’est l’un des plus beaux endroits sur terre. » Son engagement pour le développement du sport calédonien est reconnu, puisqu’en 2005, la Fifa, Fédération internationale de football association, lui confie la mission du développement du beach soccer et du futsal local. Trois ans plus tard, il devient le premier sélectionneur de l’équipe de futsal de Nouvelle-Calédonie et, entre 2011 et 2015, il siège à la Fisu, Fédération internationale du sport universitaire, la deuxième plus grande organisation sportive étudiante après les Jeux olympiques universitaires.
EN QUÊTE D’ÉQUITÉ
À la tête du Suaps de Nouvelle-Calédonie, Éric Michalak conçoit le sport universitaire comme un vecteur d’identité, d’épanouissement et d’intégration, notamment dans un territoire géographiquement isolé. « En Métropole, Toulouse peut affronter Marseille. Ici, il n’y a qu’une seule université. » Pour pallier cette contrainte, il a intégré les meilleures équipes universitaires aux compétitions fédérales locales, « notre équipe de futsal a remporté plusieurs fois le championnat territorial et la Coupe de Calédonie ».
En tant que président du GRDS et chargé de mission pour les outre-mer, Éric Michalak défend sans relâche les intérêts des Suaps ultramarins, souvent absents des dispositifs nationaux. Il milite pour la création d’un protocole d’accueil spécifique aux jeunes sportifs ultramarins, intégrant un accompagnement psychologique et une prise en compte du choc culturel. « Il existe un protocole pour les athlètes internationaux, mais rien pour nos jeunes ultramarins ». Il rappelle un chiffre frappant : « les outre- mer ne représentent que 3,9 % de la population française, mais 17 des 33 médailles françaises aux Jeux olympiques de Tokyo ont été remportées par des sportifs ultramarins ».
UN PESU POUR VALORISER LE SPORT UNIVERSITAIRE DE HAUT NIVEAU
Pour lutter face à ces inégalités, Éric Michalak a lancé la création d’un Pesu, pôle d’excellence sportif universitaire, en Nouvelle- Calédonie. Ce dispositif a pour vocation de promouvoir l’excellence sportive et de repérer de nouveaux talents. « Je veux que nos sportifs calédoniens deviennent des figures inspirantes. » Récemment nommé chargé de mission national pour le développement des outre-mer, il entend changer l’image que certains à Paris peuvent avoir de la vie locale. « Ce n’est pas parce qu’on est à 17 000 kilomètres, qu’on ne fait rien et qu’on passe notre temps sous les cocotiers à se balader en claquettes. »
Mais son ambition pour le Pesu dépasse les frontières calédoniennes, avec un déploiement dans l’ensemble des territoires ultramarins. « L’objectif est d’offrir aux jeunes les meilleures conditions pour réussir leur double projet, sport et études, sans les contraindre à partir trop tôt en Métropole », explique-t-il. Au-delà de l’aspect sportif, le programme entend également renforcer la francophonie dans le Pacifique en développant des partenariats et des échanges avec les grandes nations de la région. À moyen terme, Éric Michalak ambitionne de faire de l’université de la Nouvelle-Calédonie ainsi que du territoire un centre d’entraînement et de préparation pour les Jeux olympiques de Brisbane en 2032.
Charles Salaün
DU SUR-MESURE POUR LES ETUDIANTS SPORTIFS
Le pôle d’excellence sportif universitaire de la Nouvelle-Calédonie permet aux étudiants de concilier haut niveau et réussite académique. Le programme prévoit plusieurs adaptations, comme un accompagnement sur mesure,
des aménagements d’études ou encore des aides à la mobilité.
Le dispositif mise aussi sur la détection de jeunes talents, l’inclusion
des sportifs paralympiques et la valorisation des disciplines phares
du territoire, comme la voile, le cricket, le rugby ou le kite-surf.

