Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, a insisté mercredi 21 février sur les augmentations de moyens accordées par Paris ces dernières années, et sur la construction de la future prison de Ducos, un investissement de 60 milliards de francs.
Au premier jour de sa visite, le ministre a surtout écouté, se pliant à la tradition des audiences solennelles. Tour à tour, Gilles Rosati, premier président de la cour d’appel de Nouméa, et Bruno Dalles, procureur général, ont remercié Paris pour les crédits accordés et attiré son attention sur ceux qui mériteraient de l’être. Le tout dans une ambiance cordiale, appréciable pour Éric Dupond-Moretti, qui avait fait face à une fronde des magistrats au niveau national, en 2020.
À son tour de parole, le ministre s’est empressé de souligner les dépenses de la place Vendôme qui, depuis 2017, a affecté « 9 magistrats et 30 greffiers » supplémentaires sur le territoire. Les travaux de rénovation du palais de justice de Nouméa, dont il a pu constater l’achèvement, ont mobilisé un investissement d’un milliard de francs. Et dans le cadre de la loi de programmation 2023-2027 du ministère de la Justice, « la Nouvelle-Calédonie fait partie des juridictions qui seront servies en tout premier », insiste le ministre, annonçant la prochaine arrivée de deux magistrats et six contractuels. « La juridiction avait besoin de ces personnels supplémentaires. »
CAMP EST : DES CONDITIONS DE DÉTENTION « INDIGNES »
Mais le gros morceau des dépenses du ministère de la Justice doit encore arriver. Jeudi, Éric Dupond-Moretti devait visiter le site du futur centre pénitentiaire, à Ducos. « Nous avons besoin de places nouvelles. Il y a dans le Camp-Est des conditions de détention dont je dis sans détour qu’elles sont indignes. Nous devons y remédier. Cela nécessite un investissement de l’État extrêmement important. »
Le montant de 60 milliards de francs avait été dévoilé par Sonia Backès et Nicolas Metzdorf en décembre, au moment de l’annonce de la construction du nouvel établissement, qui verra le jour au bord de la baie de Koutio- Koueta sur un terrain de remblai mis à disposition par la province Sud.
À propos de l’augmentation des moyens de la justice au niveau national, « c’était la moindre des choses », observe Éric Dupond-Moretti, « parce que notre justice, c’était 30 ans d’abandon. Il était temps que l’on remette les choses en l’état ».
Gilles Caprais