Énurésie, pas de panique !

L’énurésie, plus connue sous le nom de pipi au lit, n’est pas une maladie à proprement parler. Il s’agit en réalité d’une immaturité de la vessie qui passe avec le temps. Des traitements existent toutefois pour aider les enfants et les familles les plus en souffrance.

Les réveils sont parfois pénibles. Les familles des enfants qui font pipi au lit le savent bien. Changement de drap, de pyjama et retour au lit. Et le lendemain, c’est un nouveau tour de lessive. Une situation qui peut être très fréquente dans certains cas et peser sur le moral des parents. Mais celui qui souffre le plus reste l’enfant énurétique. Ce sont précisément ces enfants et leurs parents que reçoit le docteur Michel Lacour, un urologue qui s’occupe notamment des problèmes chez les enfants. « Les gens qui viennent sont en souffrance, souligne le docteur Lacour. Les enfants ne peuvent pas aller chez les copains, en colonie de vacances… »

Si les conséquences peuvent être lourdes, il ne s’agit toutefois pas d’une maladie, selon le spécialiste. « L’énurésie est une immaturité vésicale. Ces vessies réagissent comme une vessie de bébé, ce qui est tout à fait différent de l’incontinence, souligne le docteur Lacour. Les bébés n’ont pas de contrôle supérieur. Dès que la vessie est pleine, le signal est donné de lâcher la pression. » Un phénomène qui se produit surtout la nuit, moment où le haut et le bas sont le plus déconnectés. L’énurésie est donc un phénomène biologique et non pas psychologique. Certaines angoisses comme l’arrivée d’une petite sœur ou d’un petit frère ou encore la rentrée scolaire, peuvent déclencher « des pipis au lit », mais l’énurésie est quelque chose de totalement différent et non psychogène.

Un héritage familial

Chose étonnante, l’énurésie est généralement « héritée » des parents. Quand l’un ou l’autre des parents a connu une période d’énurésie, il n’est pas rare que les enfants la connaissent aussi. Chose encore plus étonnante, la durée et l’âge sont fréquemment les mêmes pour les parents et les enfants. L’explication de cette transmission par le génome peut permettre de rassurer les enfants qui auront la possibilité de se projeter l’image d’un papa ou d’une maman devenus des grandes personnes respectables.

L’arrêt entre 8 et 10 ans

C’est du moins ce qu’a constaté Michel Lacour lors de ses consultations. Consultations qui sont l’occasion d’apprendre que cette immaturité disparaît généralement à l’âge de 8 à 10 ans – on ne parle pas d’énurésie avant l’âge de 5 ans – mais le spécialiste a eu un cas d’énurésie jusqu’à l’âge de 18 ans. Les visites chez le médecin sont l’occasion de comprendre ce phénomène assez courant. C’est ensuite un moment idéal de « rassurer l’enfant mais aussi les parents sur le fait que leur enfant est normal, note l’urologue. S’ils le souhaitent, il existe également des traitements. Les enfants énurétiques sont la cible de moqueries et cela peut être une véritable souffrance psychologique. Il est donc important de traiter cette souffrance ».

Pour ce qui est des traitements, il existe évidemment celui de ne rien faire, l’énurésie étant une immaturité qui se règle avec le temps. Des médicaments existent toutefois pour traiter les symptômes ou du moins en atténuer la fréquence. L’un des traitements consiste à réduire la production d’urine pendant la nuit afin d’éviter que le signal ne soit donné de la vider. L’autre type de médicament – de la classe des cholinergiques – joue sur la contractilité de la vessie et donc sur le seuil de déclenchement de l’évacuation de l’urine. En d’autres termes, on endort la vessie afin d’éviter les pipis au lit. Si dans 99 % des cas, l’énurésie est le simple résultat d’une immaturité vésicale, il arrive que le pipi au lit soit le résultat d’une malformation pour laquelle une consultation peut s’avérer nécessaire. C’est d’ailleurs ce que les urologues vérifient lors des premières consultations.

M.D.

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Stop à la culpabilisation

S’il y a une chose à ne pas faire, c’est culpabiliser l’enfant qui fait pipi au lit. Les enfants n’y peuvent absolument rien et les punir peut avoir de graves conséquences à long terme. Il existe toutefois une manière d’associer l’enfant sans le gronder, en lui demandant de tenir un calendrier mictionnel dans lequel il recensera toutes les nuits où il a fait pipi ou non en mettant un soleil ou un nuage sur le calendrier. S’il suit un traitement, cela lui permettra de visualiser les progrès ou non.

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Un lit en trois parties

Si vous ne souhaitez pas passer au traitement, il existe une petite technique pour gagner un peu de temps pour changer les draps. Au-dessus d’une alèse étanche, il est conseillé de faire son lit en trois parties (dans la largeur) avec trois petits draps, celui du milieu étant celui qui sera changé et peut être une serviette éponge par exemple. Cela permet de limiter le volume de linge à laver à chaque lit mouillé.

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Le stop-pipi

Il existe un autre type de traitement que la technique médicamenteuse, généralement appelé le stop-pipi. Une technique, que déconseille clairement le docteur Lacour, qui consiste à réveiller l’enfant dès qu’il se met à uriner. En Calédonie, une société propose la location d’appareils qui présentent de relativement bons résultats, selon sa promotrice. Le principe est simple et repose sur le principe pavlovien qui consiste à conditionner l’enfant. L’appareil est un slip ou une culotte avec des capteurs. Mouillés, ces capteurs déclenchent une alarme et un vibreur, censés réveiller l’enfant et donc le sphincter qui permet l’évacuation de l’urine. Quelques médecins généralistes conseillent cet appareil qui, selon Sylvia Vélut, de la société Ical, présente des résultats entre 15 jours et 10 semaines, selon l’âge des enfants. La location de l’appareil coûte 10 000 francs par semaine les deux premières semaines puis, 5 000 francs la semaine.