Enfance en danger : La province privilégie le placement en famille

La politique provinciale en matière de protection de l’enfance évolue. Les élus de la province Sud se sont engagés vendredi dernier à améliorer le dispositif de placement des jeunes relevant de l’aide sociale à l’enfance. Les textes ont été revus et des familles d’accueil sont recherchées, cette prise en charge étant jugée la mieux adaptée.

Chaque année, la province se voit confier, soit par décision de l’autorité judicaire, soit à la demande des titulaires de l’autorité parentale, l’accueil de mineurs ayant besoin de la protection de la collectivité. On parle de l’enfance en danger et elle représente actuellement 200 jeunes environ. 162 d’entre eux sont placés en famille d’accueil, solution « privilégiée » pour tous et obligatoire pour les moins de 10 ans. Les autres, généralement plus âgés, sont accueillis dans les foyers provinciaux qui disposent d’une cinquantaine de places.
L’organisation et le suivi de leur placement étaient régis par un dispositif datant de 2003 qui nécessitait, selon la collectivité (qui a hérité de la compétence de la protection de l’enfance dévolue normalement au gouvernement), d’être revu, redéfini et élargi.

Un cadre « rigoureux »

La nouvelle réglementation, entérinée à l’unanimité vendredi dernier, vient d’abord préciser et étendre qui est susceptible de bénéficier d’un placement en famille : les mineurs, les mineurs émancipés, les jeunes majeurs de moins de 21 ans et également désormais les jeunes ou très jeunes mères et leur bébés. « Nous ouvrons en 2017 cette possibilité aux jeunes mamans souvent d’un premier enfant qui se trouvent dans une situation de fragilité. Ce placement peut leur permettre d’être mieux entourées sur une période allant entre 0 et 3 mois, de bénéficier d’un accompagnement à la parentalité », explique François Waïa, directeur de la Dpass Sud qui précise néanmoins que cette solution est un dernier recours qui concerne les mamans seules ou exclues et qu’il ne s’agit pas de se « substituer aux familles ou structures existantes. »

Les conditions pour être agréé famille d’accueil sont également clarifiées noir sur blanc : être âgé d’au moins 25 ans et 65 eu plus, avoir une autre source de revenu (pour que l’argent ne soit pas la seule motivation, le placement étant rémunéré entre 70 et 150 % du SMG selon le nombre d’enfants et leur profil ), être en bon état de santé, sans condamnation à une peine criminelle ou correctionnelle (avec désormais la même exigence pour les autres membres permanents du foyer), avoir un logement salubre sans animaux dangereux, des capacités éducatives avérées. Les modalités de placement ont aussi été redéfinies avec des engagements et des obligations listées, la création d’un processus précis de suspension et de retrait d’agrément, l’instauration de plusieurs types d’accueil (séjours permanents et accueil séquentiels) et une procédure d’évaluation revue. Le nombre maximal de jeunes accueillis a été précisé : deux ou trois si fratrie, deux si l’un est porteur de handicap. Les fratries nombreuses peuvent faire l’objet de dérogations.

Grâce au renforcement des obligations, des contrôles, le texte est annonciateur d’une « qualité renforcée de recrutement et de suivi », selon les mots du directeur de la Dpass. Il va par ailleurs clarifier le rôle des familles d’accueil, jugé trop flou, faciliter le travail des personnels provinciaux qui manquaient parfois de cadre officiel et apporter des garanties à la justice, attentive à la qualité des prises en charge.

Recherche familles

Outre cette refonte de la réglementation, la province a besoin de nouvelles familles d’accueil. Leur nombre, 77, est actuellement insuffisant au regard des placements prononcés (plus de 80 en 2016), en hausse chaque année, et des besoins spécifiques de certains jeunes en phase de décrochage familial, social ou scolaire, ou âgés de moins de deux ans. Certaines familles ont par ailleurs des préférences ou ne peuvent recevoir certains enfants. Une campagne de recrutement va être lancée la semaine prochaine : l’objectif provincial est d’atteindre une centaine de familles, soit une trentaine de plus, disposées à accueillir des enfants ou des jeunes sur des périodes longues ou courtes.

Les démarches déjà facilitées depuis 2014 vont l’être encore davantage : dans les huit jours suivant la demande à la Dpass, toute personne intéressée sera reçue par la direction et éclairée sur ses missions et obligations. Et la procédure d’évaluation, certes « exigeante », sera écourtée à environ quatre mois. Elle comprend systématiquement une évaluation sociale avec tous les professionnels concernés (psychologues, assistantes sociales, médecins…) et peut déboucher sur un agrément. Le suivi se fait ensuite sur toute la durée du placement avec un psychologue et un éducateur référent. Pour accompagner ces démarches, la province a élaboré trois guides, le premier sur les familles d’accueil et deux autres, à paraître, sur l’enfant accueilli et la famille d’origine. Pour François Waïa, cette expérience est obligatoirement synonyme de richesse pour les familles concernées, « la richesse de donner de son temps, de son énergie, de contribuer au bien-être des jeunes dans le besoin ». Avis aux bonnes âmes…


Un nouveau foyer de l’enfance à Dumbéa-sur-Mer

Inauguré récemment, le foyer peut accueillir jusqu’à 50 enfants maximum de 10 à 18 ans. Il vient remplacer trois structures qui n’étaient plus adaptées et qui ont donc été déplacées dans des locaux neufs : le foyer Bougainvilliers, et les foyers de l’Aseanc, Claire-Cotteau (filles) et Georges-Dubois (garçons).

 

C.Maingourd