Les métallurgistes calédoniens parlent désormais de « nickel vert ». Par ce terme, ils essayent de se montrer plus soucieux de l’environnement et s’engagent dans une transition énergétique pour affronter la concurrence mondiale malgré leurs coûts de production élevés.
Prony Resources a longtemps fait figure de proue dans le domaine avec l’entreprise de voitures électriques de luxe, Tesla, comme principal client. Aujourd’hui, les trois industriels affichent des visées environnementales. KNS a embauché une ancienne salariée d’EDF chargée de réduire son empreinte carbone. L’an dernier, la SLN et Prony Resources ont signé un accord visant 70 % d’énergies renouvelables en 2030.
Tous s’engagent à suivre les attentes de réduction des émissions de CO2 inscrits dans le schéma de transition énergétique du territoire. Le plan est ambitieux. Des centrales à fioul ou à charbon alimentent aujourd’hui les trois usines. Le secteur est le poumon de l’économie calédonienne, mais aussi l’un des principaux pollueurs du territoire.
Questionné à l’Assemblée nationale le 8 juin, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a promis « des dispositions spécifiques à l’outre-mer, qui porteront évidemment aussi sur la Nouvelle-Calédonie, notamment le secteur du nickel » dans sa future loi sur « l’industrie verte ».
Ce texte, passé par le Sénat et attendu le 17 juillet à l’Assemblée nationale, a pour objectif la réindustrialisation décarbonée du pays. L’État et la Banque publique d’investissement (Bpifrance) ont déjà créé des dispositifs pour « aider les entreprises à s’alimenter en énergies renouvelables plutôt qu’en énergies fossiles ». B.B.
Dans notre dossier
« Parler de “mine durable’’ est un oxymore »
L’arrivée d’une industrie plus respectueuse de l’environnement et vertueuse ne peut être que saluée, non sans être questionnée. Pierre-Yves Le Meur, anthropologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), décrypte cet enjeu. →
Énergies renouvelables : un pas en arrière ?
La deuxième version du schéma de transition énergétique, qui prévoit de forts investissements publics pour alimenter les usines en électricité moins polluante, se heurte à des questions de coût. KNS envisage d’ores et déjà une autre option, basée sur le gaz. →
Des émissions surveillées de près
Depuis plus de 15 ans, l’association Scal’Air nous alerte dès que l’air n’est pas de bonne qualité. Elle surveille les polluants émis par le trafic routier, aérien, maritime et industriel. →
Réduire l’impact carbone ne saurait être suffisant
Enfin !, lancent en résumé WWF Nouvelle-Calédonie et Ensemble pour la planète (EPLP) en entendant les discours des trois usines engagées pour réduire leurs émissions carbone. →
Vers un label du « nickel vert et éthique » ?
L’idée d’un label « nickel vert » fait son chemin en Nouvelle- Calédonie. Louis Mapou a engagé le gouvernement calédonien dans cette voie lors de sa déclaration de politique générale en novembre 2021. →