Créée en 1991, la Sodil est née d’une volonté de la province de se doter d’un outil pour accompagner son développement économique. Plus de 30 ans plus tard, la société ne parvient pas à être rentable. Certaines de ses filiales sont en difficulté. Et la structure cherche à repenser son fonctionnement.
- UNE ANNÉE 2025 « COMPLIQUÉE »
La Société de développement et d’investissement des îles Loyauté compte une vingtaine de salariés et représente environ 500 emplois sur l’ensemble de ses filiales. Déjà mal en point, « plombée par le chantier du Wadra Bay », note Jean-Pierre Hnawia, directeur général, la structure subit les effets indirects de la crise, notamment l’arrêt du tourisme et la répercussion de la dégradation des finances publiques. La société d’économie mixte n’est pas rentable et « les dotations versées par la province sont de plus en plus espacées dans le temps », explique Jean-Pierre Hnawia.
En conséquence, la Sodil peine à aider ses filiales. La poissonnerie d’Ouvéa, mise en liquidation judiciaire, a fermé ses portes en septembre. Afin de réduire ses charges, la SEM a pris plusieurs mesures de réduction de ses charges et de la masse salariale. Cela suffira-t-il ? Le directeur a envoyé la demande de budget 2025 : 150 millions de francs en fonctionnement et près d’un milliard en investissement. « En fonction des arbitrages de la province, on sera peut-être amené à prendre de nouvelles décisions sur la suite de nos activités. L’année prochaine va être compliquée. » La Sodil révise également son organisation. Le modèle a atteint ses limites. « Elle devrait rester dans des missions de service public. » Une des pistes privilégiées, le partenariat privé.
- TROIS NOUVEAUX AVIONS POUR AIR LOYAUTÉ
La compagnie ne vole plus en Nouvelle-Calédonie depuis le milieu de l’année. Ses derniers trajets ? Des ponts aériens entre Magenta et La Tontouta. Face à cette situation, la direction a cherché de nouveaux marchés en attendant le renouvellement de sa flotte néo-calédonienne. C’est à Wallis-et-Futuna qu’Air Loyauté a signé un contrat de délégation de service public d’une durée de cinq ans pour assurer la desserte entre les deux îles. « Ça fonctionne très bien, on est au-delà des prévisions », pointe Jean-Pierre Hnawia, qui envisage d’autres opportunités.
L’autre projet, porté depuis 2020, vise à changer la flotte de Twin Otter. « Les avions sont vieillissants, les coûts d’exploitation et de maintenance ont explosé », développe Michel Druet, le directeur. Les trois appareils de 19 places doivent être remplacés par des avions italiens d’une taille plus adaptée « de 9 places, ce qui correspond aux besoins, puisque nous avons une moyenne de 6,5 passagers sur les vols interîles ». Le premier est attendu en décembre. Les deux autres en 2025. « Il y a un marché à prendre », assure Jean-Pierre Hnawia. « Je suis convaincu qu’Air Loyauté, qui a transporté 22 000 passagers par an en 2020-2021, doit continuer d’exister », ajoute Michel Druet.
- WADRA BAY : LA MARCHE À BLANC EN JANVIER
Le chantier du Wadra Bay, après deux ans de retard et environ 2 milliards de francs de plus au compteur, voit enfin le bout du tunnel. « On va réceptionner les travaux mi-décembre », précise le directeur de la Sodil. L’hôtel 5 étoiles dont la gestion a été attribuée à Intercontinental a coûté près de 5 milliards de francs à la province. Doté de 50 clés, l’établissement doit ouvrir juste avant les fêtes pour un séjour test avant la marche à blanc en janvier et février. Les premiers clients sont attendus en mars, indique Jean-Pierre Hnawia.
La Sodil s’occupe de cinq autres hôtels, très affectés par l’absence de visiteurs. Le Paradis d’Ouvéa a été placé en redressement judiciaire en juillet. Le Beautemps-Beaupré à Iaai, le Nengone Village et le Drehu Village sont en procédure de sauvegarde. Seul l’Oasis de Kiamu, à Lifou, garde la tête hors de l’eau. La Sodil envisage des rénovations l’année prochaine. Afin d’accompagner le redémarrage du tourisme, Îles Loyauté Explorer, autre filiale de la SEM, a lancé une campagne de promotion.
- UN BETICO 3 ?
Le projet de Jacques Lalié de confier le transport de passagers à la Compagnie maritime des îles (CMI) au détriment du Betico pourrait être revu par la future équipe à la tête de la province. D’après SudÎles, la CMI aurait abandonné son projet de Havannah II, préférant rester sur le transport de fret et de carburant.
Si des discussions sont en cours avec le gouvernement afin d’obtenir une subvention de 120 millions de francs pour finir l’année, SudÎles souhaite désormais prendre son autonomie vis-à-vis des institutions. La compagnie aurait pris en charge le carénage du Betico en juillet sur fonds propres et envisage de réviser la grille tarifaire en janvier 2025. Objectif : que les recettes couvrent les dépenses afin de passer l’année prochaine sans subvention. Et, dans le meilleur des cas, être en capacité de solliciter un prêt auprès d’une banque pour construire le Betico 3.
⇒ À LIFOU, la Maison de la vanille a été placée en redressement judiciaire il y a plus de trois mois. Si la filière est « porteuse parce que c’est un produit de qualité », elle pâtit de la petite taille des exploitations et des faibles volumes, selon le directeur de la Sodil.
⇒ À NOUMÉA, le plus vieil armement de Nouvelle-Calédonie, Navimon, et l’atelier de transformation, Pacific Tuna, sont autonomes. « Ils se portent bien, même si Pacific Tuna est affecté par la fermeture de la ligne aérienne pour Tokyo, car ils exportaient du poisson au Japon. »
⇒ LA SODIL compte également dans ses actifs une SCI chargée de gérer les biens immobiliers, apporte son soutien aux entreprises via la Soparil, et détient une part du capital de deux métallurgistes.
Anne-Claire Pophillat