Emmanuel Macron réaffirme l’engagement « massif » de la France dans le Pacifique

French President Emmanuel Macron gives a statement at the end of the 5th France-Oceania Summit, held via video-conference, at the Elysee Palace in Paris, France on July 19, 2021. (Photo by Yoan VALAT / POOL / AFP)

Le président de la République a tenu le cinquième sommet France-Océanie en visioconférence lundi. L’occasion de réaffirmer l’ambition accrue de la France dans la région.

Devant une vingtaine de participants, chefs d’État, représentants des territoires français du Pacifique ou d’organismes régionaux, le président de la République a promis de renforcer le soutien de la nation dans la région dans le cadre de la crise sanitaire, en matière de surveillance, de soutien aux crises humanitaires, de lutte contre le changement climatique ou de préservation de la biodiversité.

Vaccins

Les livraisons de vaccins doivent s’accélérer, a concédé en entame Emmanuel Macron. La France qui participe, chaque semaine, à l’initiative Covax s’est engagée à livrer 60 millions de doses dans le cadre de ce mécanisme et sera « attentive » à ce que le Pacifique en bénéficie. Pour l’instant, 800 000 doses ont été acheminées dans la région par ce biais.

Sécurité et axe indo-pacifique

Le président l’a redit, la sécurité dans la région est au cœur de la stratégie indo-pacifique. « Nous nous déployons et continuerons de nous déployer pour venir en soutien à nos voisins du Pacifique. » Le champ d’intervention concerne la surveillance des eaux territoriales, la police des pêches, le sauvetage en mer, l’assistance aux navires en difficulté, la lutte contre les pollutions maritimes.

Dans ce cadre, les Forces armées en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française jouent un rôle déterminant et, plus largement, les bases françaises existant aux Émirats arabes unis, à Djibouti ou dans l’océan Indien. Pour faire face « aux prédations dont nous sommes collectivement victimes », la France va constituer un réseau maritime du Pacifique Sud, de coopération maritime et de garde- côtes, à partir des territoires français en lien avec les « partenaires de la zone », l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. Objectifs : l’échange d’informations, la structuration de l’offre de formation et d’entraînement et le renforcement des opérations de surveillance des zones économiques exclusives du Pacifique.

Changement climatique et biodiversité

Autre sujet essentiel, le changement climatique. En vue de la COP26, les pays de la région sont appelés à rejoindre la coalition pour la neutralité carbone et la déclaration de Niulakita pour réduire les émissions de gaz à effet de serre émis par les navires.

La France annonce le versement d’un million d’euros au projet de l’Alliance solaire internationale, cinq millions à l’initiative Kiwa (soutien aux fermes biologiques et pédagogiques à Fidji, aux Salomon, à Nauru et aux Tonga) et trois millions au Fonds mondial pour les récifs coralliens.

En matière de protection de la biodiversité, la France soutiendra également les États du Pacifique pour le développement des aires marines protégées. L’objectif serait que le Pacifique puisse « montrer la voie en abritant la plus grande aire marine protégée au monde ». Enfin, chacun est appelé à militer sur un accord global contre le plastique sachant que le Pacifique abrite un nouveau continent de déchets de ce type.

Humanitaire

La capacité française d’aide d’urgence va aussi être renforcée en lien avec les partenaires Franz (Australie et Nouvelle-Zélande). La France, qui a pris la présidence de ce dispositif en début de mois, a l’ambition d’améliorer les capacités de réponses face aux catastrophes naturelles en mettant à disposition des moyens de reconnaissance aérienne, du matériel humanitaire, en déployant des spécialistes. Le domaine de la santé est également évoqué sur le modèle de l’opération menée en 2019 contre l’épidémie de rougeole aux Samoa. Dix praticiens hospitaliers de Polynésie française avaient été envoyés dans l’archipel.

Développement et principes

Le dernier défi, estime la présidence, est le développement économique et la connectivité dans la région.
La France a annoncé qu’elle doublerait à trois millions d’euros sa contribution au Fonds Pacifique favorisant l’intégration des collectivités françaises dans leur environnement. Des projets seront aussi soutenus au Vanuatu ou en Papouasie- Nouvelle-Guinée. Et le mandat de l’Agence française de développement (AFD) va s’étendre aux projets participant à l’atténuation des effets du changement climatique. L’Europe, de son côté, a mobilisé une enveloppe de huit milliards et demi d’euros en faveur de l’Asie et du Pacifique pour la période 2021- 2027.

Tous ces investissements, a souligné Emmanuel Macron, répondront à des principes communs de « bonne gouvernance » (investissements en infrastructures de qualité, financements soutenables, etc.).

Pour la France et l’Australie, notamment, l’idée est de soutenir le développement de la zone tout en la protégeant « d’intrusions, d’éléments de déstabilisation de puissances qui ne partagent pas nos valeurs et nos règles de bonne gouvernance ». La Chine, que l’on sent visée, n’est jamais citée.


Premier sommet pour Louis Mapou

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Dans son allocution, le président du 17e gouvernement a insisté sur le fait que l’océan constituait le berceau et l’habitat naturel de la civilisation kanak et qu’il constituait notre « futur commun ».

Il a rappelé l’engagement de la Nouvelle-Calédonie en faveur de la protection du continent bleu, de la nature, l’importance du lien entre l’océan et le climat, les savoirs traditionnels et la science. Il a insisté sur la création du parc naturel de la mer de Corail. Il estime que les dirigeants d’Océanie doivent prendre leurs responsabilités pour encadrer la pêche et l’exploration des ressources sous-marines pour lesquelles « un moratoire semble être nécessaire ».


Déclaration finale

Les chefs d’État ou de territoires de la zone ont soumis une déclaration commune à l’issue du sommet.
Ils y réaffirment leur attachement à l’unité et à la solidarité de la « grande famille du Pacifique » dans la crise du Covid-19 et face aux problématiques communes comme le changement climatique. Ils saluent les partenariats avec la France et l’Europe et considèrent qu’il est important de continuer à renforcer cette relation. Les pays apportent un ferme soutien à la mise en œuvre complète et efficace de l’accord de Paris sur le climat et les parties qui n’ont pas révisé leurs contributions sont appelées à le faire avec un objectif de limiter à 1,5 °C la hausse moyenne des températures mondiales par rapport au niveau préindustriel.

Le Pacifique étant en proie à des « menaces persistantes » et à une « forte exploitation », ils redisent la nécessité de renforcer sa protection. Ils plaident enfin pour des financements durables avec une « concurrence juste et ouverte, des normes élevées » et pour « la soutenabilité de la dette des pays en développement ».

C.M.

© Yoan valat / Pool / AFP