La Semaine de l’artisanat vise à promouvoir les artisans et leurs produits, l’achat local et solidaire, et à susciter des vocations. Face aux défis économiques, sociaux et environnementaux, la filière prend tout son sens et contribue à la richesse du territoire, explique la présidente de la Chambre de métiers de l’artisanat, Elizabeth Rivière.
DNC : Comment se porte le secteur après les crises successives ?
Élizabeth Rivière : Le secteur de l’artisanat a fait preuve d’une grande résilience au cours des dernières années. La situation est encore difficile, notamment en matière de trésorerie, pour un gros tiers des artisans, mais l’activité reprend doucement après les périodes Covid qui ont fortement impacté le tissu artisanal.
Est-ce que l’on peut parler de retour à la normale ?
Les indicateurs de l’année 2022 montrent effectivement une reprise de l’activité et un retour à une situation proche de l’année 2019 d’avant Covid. Toutefois, notamment en termes d’évolution du nombre d’entreprise, nous constatons une stagnation depuis quatre ans, et nous peinons à retrouver le dynamisme d’avant la période référendaire ouverte en 2018. Il faut donc rester vigilant car le tissu artisanal reste fragile.
Quelles ont été les actions mises en œuvre ces dernières années ?
La CMA-NC fait tout pour aider les entreprises artisanales dans cette période compliquée. Que ce soit par de l’accompagnement, de la formation, de la représentation et de la promotion, nous déployons les actions nécessaires pour favoriser le développement de l’artisanat calédonien. Nous tâchons d’être au plus près de nos ressortissants, pour identifier leurs besoins et adapter notre offre de service. Ces actions visent notamment à promouvoir les forces de l’artisanat, ses avantages compétitifs. La Nouvelle-Calédonie dispose de savoir-faire extraordinaires, d’entreprises aux produits d’exception, qu’il convient de valoriser et de faire connaître au grand public, aux consommateurs, pour encourager un achat artisanal de proximité et de qualité, aux retombées économiques et sociales bénéfiques pour la Nouvelle-Calédonie et ses territoires. Ce sont ces valeurs qui animent les actions de la CMA-NC.
Les artisans arrivent-ils à vivre correctement de leur activité ?
La situation reste encore compliquée pour bon nombre d’entre eux. Un tiers ont des revenus inférieurs à un SMG (salaire minimum garanti) par mois. Toutefois, nous constatons que le tissu artisanal se structure, se professionnalise. La part des entreprises en société augmente (29 % en 2022), tout comme celle des entreprises qui emploient (24 % en 2022). Ces indicateurs laissent donc présager une meilleure solidité du tissu artisanal.
Vous avez distingué une vingtaine d’artisans lors de la soirée de reconnaissance. C’était important ?
L’artisanat se développe grâce aux femmes et aux hommes qui contribuent à son image, en exerçant avec passion et dévouement leur métiers, au plus proche des populations. Il nous paraissait normal de reconnaître cette contribution en leur remettant une médaille de la reconnaissance artisanale. Cette cérémonie a aussi été l’occasion de mettre en lumière celles et ceux qui, par l’engagement passé ou présent au sein de la CMA-NC, ont beaucoup œuvré en faveur de l’artisanat en Nouvelle-Calédonie.
Les jeunes sont-ils tentés par ces métiers ?
Oui, mais pas que les jeunes. De plus en plus, nous voyons des personnes engagées en parcours de reconversion dans une activité artisanale. L’alternance est désormais accessible sans limite d’âge, et la formation professionnelle continue permet aussi l’apprentissage des métiers à tout âge. Nous constatons une volonté de plus en plus grande de retourner à des métiers manuels ou de proximité, qui ont un sens social et permettent un accomplissement personnel. Les métiers de l’artisanat offrent tout cela.
Propos recueillis par Chloé Maingourd
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