On s’en doutait, nos politiques l’ont fait. Ou plutôt ne l’ont pas fait. Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, était venu une troisième fois en Nouvelle-Calédonie pour conclure un accord sur l’avenir institutionnel. Cela n’a pas été possible malgré un « conclave » de trois jours au Sheraton de Deva. L’État avait proposé un projet de souveraineté en partenariat fort avec la France. « Peut-être les esprits n’étaient pas assez mûrs », a déclaré le ministre, qui reste persuadé de cette solution.
Les Loyalistes ont préféré rester sur une partition qui n’a pas été acceptée. L’État, avait fait d’autres propositions et aucune n’a fait consensus. Celui-ci a fait preuve de transparence et a eu le mérite d’avancer des idées à des élus plus attentistes. Mais il sera sûrement à nouveau très facile de lui faire porter le chapeau. Le ministre va rentrer, laissant les élus calédoniens face à eux-mêmes. Il a dit espérer que le climat de respect, qui a prévalu durant les discussions, demeure tout en formulant un espoir modéré à ce sujet. Le travail va se poursuivre au travers d’un comité de suivi.
On peut souhaiter que les responsables calédoniens avancent sur une solution. À moins que la perspective d’élections rapprochées continue de durcir les positions. Le signal envoyé par cet échec est en tout cas dramatique localement.
À plusieurs niveaux. La société civile, qui demandait à être écoutée, en vain, a exprimé une vive attente lors de ces discussions-négociations entre politiques pour une Nouvelle-Calédonie meilleure, plus forte et soudée. Ce flop va amplifier une défiance déjà grande à l’égard des élus, incapables de s’entendre. La nouvelle est en outre mauvaise pour les investissements, la relance économique, la confiance des chefs d’entreprise à l’heure d’une reconstruction espérée. Faute de visibilité désormais, qui s’engagera ?
Et que dire de l’État qui a mis la main au porte-monnaie pour éviter que le territoire ne s’effondre. Les ministères attendaient eux aussi un accord pour renforcer leur collaboration avec la Nouvelle-Calédonie. Patatras.