[EDITO] Les crises s’additionnent

« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille », lançait avec élégance Jacques Chirac. La Nouvelle-Calédonie pourrait s’attribuer la citation fleurie de l’ancien président de la République en ces temps où des difficultés de taille s’amoncellent sur sa route. Des obstacles insurmontables seule, alors qu’à la lecture de l’accord de Nouméa, les partenaires politiques devaient se retrouver autour de la table au terme des consultations d’autodétermination « pour examiner la situation ainsi créée » et surtout dessiner la suite. Cette phase qui nécessite sérénité et cohésion est vraiment loin.

Dans un état déjà inquiétant l’an passé, les finances publiques sont exsangues au sortir des émeutes. La gestion des deniers s’effectue au mois le mois, les élus et fonctionnaires le répètent. Aux crises financière et économique, se lie une dépression sociale et même sociétale avec des vagues de départs, un racisme exacerbé ou, encore, une fracture ouverte entre les communautés. Et les dernières semaines ont renforcé le marasme politique.

Le bloc indépendantiste, tant loué par le passé aux tribunes nationales et internationales, craque de toute part. Parce que « les conditions ne sont pas réunies », l’UPM et le Palika ne participeront pas au congrès du FLNKS prévu ce week-end à Koumac. Le parti de Jean-Pierre Djaïwé voulait un temps de clarification auprès de l’Union calédonienne impliquée dans la naissance de la CCAT ou dont des membres se sont envolés vers l’Azerbaïdjan. Le climat n’est apparemment pas favorable aux discussions. La pression est visiblement forte.

Que fera l’UC tenaillée par son bras ultrarevendicatif qu’est la cellule de coordination des actions de terrain ? Le FLNKS est déstabilisé. Alors que la rumeur d’une démission du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès tournait sur la place publique, Vaimu’a Muliava a démissionné du gouvernement. L’annonce est tombée mercredi soir, soit la veille du renouvellement de la présidence au perchoir. Ce claquage de porte pourrait témoigner d’un malaise au sein de l’Éveil océanien, d’une mésentente sur une stratégie. La crise politique est là. La raison doit revenir.