Les délégations politiques se saluent plusieurs fois par semaine à la résidence du haut-commissariat avant de travailler sur le projet d’accord en visioconférence avec Paris. L’ambition affichée par le ministre Manuel Valls est bel et bien de parvenir à s’entendre, à la fin du mois, sur un texte projetant la Nouvelle-Calédonie dans un nouvel avenir institutionnel. La marche vers la signature de tous est encore haute. « Des évolutions sont possibles », espère le ministère des Outre-mer.
La confidentialité sur les travaux est de mise parce qu’encore une fois, des évolutions sont toujours possibles. Dans la rue et les villages, il y a là deux écoles. Oui, un certain secret – d’une durée toutefois limitée – doit être maintenu afin de ne pas semer la pagaille dans les réflexions. Ou, à l’inverse, les éléments doivent être communiqués pour que les habitants se retrouvent dans la production posée sur le papier. Mais dans les deux cas, la question est la même : la société civile sera-t-elle en accord avec le projet d’avenir ?
Des élus ont la réponse facile : la société civile, au sens large, des associations caritatives au monde économique, ce sont eux. Point. Rendez-vous donc à la consultation électorale directe à laquelle le fruit de leurs cogitations sera soumis. En toute fin de parcours. Sauf que des Calédoniens ne sont pas du tout de cet avis. Parce que la radicalité démontrée par certains politiques, surtout à la suite des évènements de mai 2024, n’est plus en concordance avec leur vote de 2019. Des électeurs vont même plus loin en écartant ces mêmes politiques, incapables selon eux de se mettre d’accord depuis quatre ans. La société civile veut être entendue. Il en va de la solidité et de la durabilité du projet. Des jeunes diplômés préviennent déjà : si le décalage est trop important entre leurs aspirations pour la Nouvelle- Calédonie et le texte proposé par les délégations, ces générations chercheront une vie ailleurs.