[EDITO] Ça suffit !

À quoi jouent les politiques ? Le 6 août, à l’issue de sa commission exécutive élargie, l’Union calédonienne a indiqué prendre acte de la fin du projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral, tel que voté au Sénat et à l’Assemblée nationale. Selon l’UC, il est « définitivement enterré ». Visiblement, l’indication est intervenue « suite au retour des parlementaires et à leur entretien avec le président de la République ».

Un autre parlementaire, loyaliste cette fois, évoque une « information erronée ». Nicolas Metzdorf indique que, « contrairement à ce qui a été affirmé, le président de la République n’a pas retiré cette révision ». Selon lui, cette révision, votée par les deux chambres parlementaires, existe bel et bien et peut être consacrée dans la loi une fois que le Congrès de Versailles sera réuni. « Le président de la République ne dispose pas de pouvoirs lui permettant de supprimer ou de faire disparaître des textes législatifs. » Pour Nicolas Metzdorf, Emmanuel Macron a seulement précisé que l’examen à Versailles n’avait pas encore été réalisé et que le texte serait à l’ordre du jour de la réunion de septembre que le président souhaite organiser avec l’ensemble des Calédoniens.

On sent poindre un nouvel accrochage sur un sujet dont la mauvaise gestion a, rappelons-le, contribué à mener la Nouvelle-Calédonie au marasme. Comment des élus qui étaient au même endroit peuvent-ils avoir entendu deux versions différentes ? Ont-ils des problèmes de compréhension ? Jouent-ils à nouveau avec ce sujet sensible ? L’État – président en tête – continue-t-il volontairement ses approximations ? Publiquement, Emmanuel Macron a jusqu’ici sommairement indiqué que le texte était « suspendu ». Qu’est-ce que cela implique ? Et que changent  la démission du gouvernement, le renouvellement de l’assemblée, la perte de majorité au Congrès de Versailles ? Les indépendantistes demandent depuis des semaines le « retrait » officiel du texte. Quelle réponse est apportée ? La suspension est-elle tout comme ? Les journalistes ont demandé des clarifications à ce sujet, en vain. Il serait judicieux pour l’État, pour nos parlementaires, de ne pas jouer avec le feu.