Après plusieurs semaines de silence en public, Sonia Backès est donc revenue sur le devant de la scène. Le contexte aurait pu exiger de la retenue, la présidente de la province Sud a choisi de prononcer une allocution voulue de portée nationale, en grande pompe, un 14-Juillet. Allocution profondément politique d’une représentante d’un mouvement, pas vraiment d’une présidente de collectivité censée représenter tous ses administrés.
À l’ordre du jour, l’autonomisation des provinces, soit le retour de l’hyperprovincialisation ou partition déjà défendue et rejetée par le reste de
la classe politique. Un nouveau moyen de couper les ressources fiscales des provinces Nord et Îles. Au risque de les laisser à la merci d’ingérences étrangères tant redoutées ? Au risque d’atteindre le contraire de l’objectif fixé : n’y aurait-il pas en effet davantage de volontaires pour aller dans le Sud prospère ?
La solution proposée est vouée à l’échec. Les indépendantistes n’en veulent pas, les autres loyalistes non plus, le président de la République a systématiquement insisté ces dernières années sur la poursuite du destin commun et le respect de l’héritage de l’accord de Nouméa.
Sonia Backès affirme qu’il s’agirait d’une « reprise à notre compte » d’une idée « qui était déjà celle de Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou de partager les responsabilités et les géographies ». Tout le monde a pourtant compris qu’il s’agissait alors d’un rééquilibrage pour favoriser, à la fin, le vivre ensemble.
Pourquoi l’accord de Nouméa préciserait qu’« une partie de la Nouvelle-Calédonie ne pourra accéder seule à la pleine souveraineté ou conserver seule des liens différents avec la France » ? L’ensemble de la classe politique y voit une façon au contraire de s’éloigner de cet héritage des accords.
Une nouvelle fois, on vient radicaliser les positions. La présidente a même continué à faire s’éloigner Wallisiens et Futuniens en leur disant de ne pas être « naïfs » quant à leur sort une fois l’objectif d’indépendance atteint. Conseil visiblement peu apprécié.
Sonia Backès n’est pas isolée, en démontre encore son assise politique avec ses différents mouvements, mais celle-ci s’étiole et l’union qu’ils prônent avec l’ensemble des non-indépendantistes restera impossible sur un projet qui n’est pas partagé.