E-sports : Jekso, gamer à l’esprit d’équipe

Figure incontournable de la scène locale des sports électroniques ou e-sports, Jérôme Paul a longtemps fait partie des meilleurs joueurs océaniens de League of Legends. Aujourd’hui en retrait des compétitions, il reste impliqué dans la communauté des gamers.

Incognito ou presque parmi la foule invitée à l’inauguration de la salle Lagoon Gaming le samedi 14 mai, Jérôme Paul fait partie des discrètes « stars » des e-sports en Nouvelle-Calédonie.

Il s’est taillé un pseudo – Jekso – sur League of Legends, le jeu vidéo le plus populaire au monde (115 millions d’utilisateurs dont plus de 1 500 sur le territoire), et ce malgré son arrivée tardive, en 2017, dans cet univers créé huit ans plus tôt. « Il y avait déjà une grosse communauté sur le territoire, avec plusieurs tournois. C’est ça qui m’a branché. »

Son « côté compétiteur », né de sa passion pour les sports de combat et le foot ‒ il a porté le maillot de l’AS Magenta durant ses années de collège ‒ le pousse rapidement vers le haut des classements. Jekso se hisse parmi le « Top 1 % » du serveur océanien ‒ rang Diamant plus pour les initiés. « Et pourtant, je faisais partie de ceux qui avaient le moins de temps de jeu, assure-t-il. Un joueur moyen fait 400 à 500 parties en une saison, soit 300 à 400 heures dans l’année. Moi, je tournais à une centaine de games. »

Le collectif fait la différence

Mais League of Legends (LoL), c’est avant tout un travail d’équipe, les matchs se jouant à cinq contre cinq. Jérôme Paul, alors âgé de 25 ans, crée en 2019 Xnar Esports avec une bande de jeunes lycéens rencontrés dans le jeu. « On avait des plannings très précis, avec des rencontres contre des Australiens toutes les semaines. L’idée, c’était de réussir à créer un véritable esprit d’équipe », raconte le capitaine. En parallèle, Jekso adhère à l’association Esport New Caledonia (ESNC) et devient le responsable de la division LoL, qui organise les tournois locaux, avec notamment des finales retransmises en direct dans des bars.

Si, sur le papier, les coéquipiers d’Xnar ne sont pas forcément les meilleurs individuellement, leur travail collectif fait la différence. En 2020 et 2021, ils raflent tous les titres, mettant notamment fin à la domination d’équipes ancrées sur la scène calédonienne telles que K1 ou Majin. « C’est leur assiduité et leur entraînement qui leur a vraiment permis de s’imposer comme la meilleure équipe », pense le président de l’ESNC, Adrien Ductane.

« Les jeux sur mobile, c’est vraiment le futur »

Mais tous les règnes ont une fin. « À partir de 2021, on commençait à ne plus avoir assez de temps pour jouer à cause des études ou du travail et on s’est fait surpasser », raconte Jérôme Paul, qui travaille dans le domaine du e-commerce. Retiré des compétitions, il s’est également délesté de ses responsabilités à l’ESNC.

Mais il n’a pas arrêté les jeux vidéos pour autant : « pour moi, les jeux sur mobile, c’est vraiment le futur. Il y en a de très bons qui commencent à sortir. Je m’y intéresse de plus en plus. » Et toujours avec l’envie d’être le meilleur.

 


Lagoon Gaming, un lieu de rencontre

La salle située au deuxième étage du Plexus, à Ducos, ferait rêver n’importe quel gamer. Des PC survitaminés, un poste dédié au streaming avec des caméras ultra haute définition, une régie de diffusion pour gérer le direct sur les plateformes Twitch ou Discord, une isolation acoustique ou encore deux sièges spécialement conçus pour les amateurs de simulateur de vol : Lagoon Gaming est équipé de matériel informatique à la pointe de la technologie. « On voulait un lieu où les gamers puissent se rencontrer de manière plus officielle, créer un écosystème pour les faire interagir », explique Richard Renault, directeur commercial du fournisseur d’accès à internet.

Et pour cause, sur les 62 000 internautes calédoniens recensés par l’OPT fin 2021, plus de 10 000 (soit environ 16 %) joueraient régulièrement à des jeux vidéo en ligne. Le but est également de donner de la visibilité aux e-sports, en plein développement à l’échelle mondiale, mais aussi de casser l’image négative qui pèse parfois sur les « geeks ».

Lagoon Gaming, géré par l’association Esport New Caledonia, est réservé aux joueurs « sélectionnés pour les finales des nombreux tournois » de League of Legends, Rocket ou encore Warzone.

 

Titouan Moal (© Titouan Moal)