Nommés par le président de la République, trois hauts fonctionnaires composent la mission de médiation censée relancer les travaux en vue d’un accord global.
Sous le faré du haut-commissariat, à minuit, dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 mai, Emmanuel Macron a défini l’initiative comme « une mission de médiation et de travail ». L’État, à travers ce trio parisien, « jouera un rôle impartial pour permettre la reprise du dialogue et l’avancée des travaux pour un accord global », espère le président de la République, affirmatif. « Le dialogue politique doit reprendre immédiatement. »
Souhaitée par des personnalités telles que la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, mais aussi des partis à l’image de Calédonie ensemble, la mission du dialogue, instaurée par le chef de l’État lui-même à Nouméa, s’inscrit schématiquement dans la veine de celle de 1988 après l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Mais la comparaison s’arrête là, car ni sa composition, ni le contexte ne sont équivalents. Emmanuel Macron a retenu trois hauts fonctionnaires pour tenter de démêler la dramatique affaire liée au projet de dégel du corps électoral provincial et de rétablir des échanges constructifs entre politiques locaux.
Rémi Bastille est le plus connu de tous en Nouvelle-Calédonie, puisque cet énarque fut nommé, en novembre 2020, secrétaire général du haut-commissariat, puis, dès décembre 2022, préfet chargé de chapeauter les groupes de travail sur l’avenir institutionnel. Pilote de la mission, Éric Thiers est un juriste « très solide » de réputation, l’un des techniciens de la révision constitu- tionnelle de 2008. Enfin, Frédéric Potier fut notamment conseiller outre-mer au sein du cabinet du Premier ministre Manuel Valls.
« REPRISE EN MAIN »
L’arrivée des trois experts sur le Caillou dans le sillage d’Emmanuel Macron fut saluée avec intérêt par certains, mais surtout avec réserve et critiques par d’autres. « Ce n’est pas, selon moi, une mission du dialogue. Il avait été demandé des Premiers ministres, des personnalités… », a corrigé Nicolas Metzdorf, député Loyalistes, peu avant le début des discussions, jeudi 23 mai au matin. « Le président de la République vient lui-même, accompagné de fonctionnaires qui ont déjà travaillé sur le dossier calédonien. C’est une reprise en main du dossier par Emmanuel Macron. »
Pour le sénateur Les Républicains, Georges Naturel, « il faut élargir le cercle ». Des responsables indépendantistes du FLNKS ne voient pas, dans l’actuelle mission, « le format que l’on attendait. Nous souhaitions, comme missionnaires, de hautes personnalités qui connaissent le sujet et soient neutres ». Des leaders politiques ont un temps évoqué le nom de l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe.
Les échanges ont démarré peu après le départ du chef de l’État avec chaque groupe politique tour à tour. Et durant de longues heures. Rien ne filtre. Selon une source parisienne, cette mission d’appui s’étendrait, pour une première phase, sur dix jours.
Yann Mainguet