[DOSSIER] Une journée en mémoire de leurs ancêtres

Mireille Fraisse, qui montre son aïeul forçat Bartoloméo Donati, parcourt pour la première fois le musée du bagne, dans l’ancienne boulangerie. © A.-C.P.

Proposer un moment de rencontre entre les familles issues de bagnards et de personnel de l’administration, c’est l’objectif de l’association Témoignage d’un passé avec la journée des descendants, dont la 4e édition était organisée mercredi 8 mai sur le site historique de l’île Nou.

Inauguration d’Orgon, visites gratuites du musée du bagne, lancement de l’exposition Descendants de l’Iphigénie, portraits de 12 « ouvriers de la transportation ayant fait souche en Nouvelle-Calédonie », grand déjeuner commun et animation musicale dans les jardins du Creipac, temps de partage : le programme était riche, mercredi.

L’occasion pour ceux concernés par l’histoire de la Nouvelle de faire vivre cet héritage. « C’est un témoignage, une sorte d’hommage rendu à ce que les bagnards ont vécu, qui a été très dur », estime Solange Mougel.

Assise devant un ordinateur dans le pavillon d’accueil du site historique de l’île Nou, elle mène des recherches sur son aïeul, Gastaldi, dans la base de données dotée de 30 000 fiches, et qui rencontre un vif succès. « J’essaie de trouver des éléments qui me permettraient de savoir où il était, quand il a été envoyé ailleurs… J’aimerais pouvoir me dire que je marche là où il a marché, dans ses pas », raconte, émue, Solange Mougel.

Les visiteurs ont profité de la nouvelle exposition Descendants de l’Iphigénie disposée dans le pavillon d’accueil. © A.-C.P.

Beaucoup en profitent également pour découvrir le musée, situé dans l’ancienne boulangerie Guillain (érigée en 1869 et rénovée en 2015), inauguré en mai 2021, et son exposition permanente sur la période du pénitencier. « Un travail extraordinaire a été mené, l’endroit est vraiment super », note Annie Guépy.

La veuve de Raymond Guépy, ancien président de la Fondation des pionniers et descendant de Charles, profite de ce lieu qui « rend compte d’un passé », du rôle de ces condamnés qui ont participé à construire le pays, « en mémoire de notre histoire et de nos familles ».

Une dynamique porteuse

Mireille Fraisse est en grande discussion avec une amie devant le portrait de son arrière- grand-père, Bartoloméo Donati. Un instant marquant. « C’est important de venir ce matin pour savoir d’où l’on vient, se rappeler, pour nous, mais aussi pour nos enfants. »

Comme elle, plusieurs centaines de personnes, selon Yves Mermoud, président de l’association Témoignage d’un passé, ont fait le déplacement. Cette journée, instituée en 2015, s’est tenue en 2017, puis 2018 au Fort Téremba à Moindou, avant de retrouver Nouville. Une façon de sensibiliser les familles, d’inviter à l’échange.

L’anniversaire des 160 ans de l’arrivée de l’Iphigénie n’a pas fini d’être célébré, il le sera toute l’année, avec le Cluedo géant du 4 mai, l’exposition sur l’Iphigénie dès le 17 mai au musée maritime, qui propose également une mise en scène théâtrale En route vers la Nouvelle ! pour la Nuit des musées (17 et 18 mai) puis, en septembre, le Mois du patrimoine, « la province Sud ayant décidé de le placer sous le thème du bagne ».

Le contexte est particulièrement porteur cette année, poursuit Yves Mermoud, « il y a une dynamique ». « L’exposition Les Kanak et le bagne part au Sénat le 31 mai, ensuite à la Maison de la Nouvelle-Calédonie et probablement en itinérance en Métropole. Elle a été traduite en anglais et va partir à Hawaï pour le Festival des arts du Pacifique. Il y a une volonté de faire parler du bagne calédonien. »

Anne-Claire Pophillat