[DOSSIER] Une crise sans précédent pour l’artisanat

Elizabeth Rivière, présidente de la CMA et les représentants d’institutions lors d’une rencontre avec les chefs d’entreprise, lundi 26 mai. Photo : NH

L’artisanat calédonien traverse une phase critique. Depuis 2020, le secteur affichait une progression exceptionnelle de son chiffre d’affaires, avec une accélération marquée en 2022 et 2023, malgré l’inflation. Mais les événements de mai 2024 ont provoqué « une rupture brutale », entraînant d’importantes difficultés économiques, rapporte la CMA, Chambre de métiers et de l’artisanat, qui a interrogé 1 000 de ses ressortissants pour sa note de conjoncture annuelle.

Cette analyse confirme les remontées de terrain qui portent depuis un an sur des situations très complexes, avec des arrêts d’activité, des projets de départ en nombre avec un « risque pour la transmission des savoir-faire et l’équilibre du secteur ».

BTP, production et services en particulier ont du mal à résister. Selon la chambre consulaire, « les retards dans le traitement des demandes d’indemnisation et le manque d’aides adaptées accentuent la précarité des entreprises ». Le ralentissement de l’activité se traduit par une quasi-absence d’investissements et une réduction des embauches. Une spirale négative qui fragilise encore davantage le tissu économique et accentue l’incertitude.

Dans ce contexte, la CMA représentée par sa présidente, Elizabeth Rivière, a lancé un appel. « Seul un plan structuré et ambitieux permettra de garantir la pérennité de l’artisanat. » Lundi 26 mai, après plusieurs semaines d’alerte, les représentants du gouvernement, de la province Sud ont écouté les chefs d’entreprise lors d’une réunion publique à la CMA. Certains ont tout perdu, d’autres luttent et dénoncent, entre autres, une « pression fiscale trop forte », un Ruamm « inadapté ».

« Nous mettons beaucoup d’énergie pour que le BTP reparte, a expliqué la présidente de la province Sud, Sonia Backès. Nous avons énormément baissé le budget de fonctionnement des collectivités pour mettre de l’investissement. Nous avons mis en ligne toutes nos consultations. Mais il n’y a pas de secret, il faut de l’argent qui arrive de l’extérieur, par le secteur minier. » Elle entrevoit 20 milliards d’investissements du côté de Prony Resources où les choses « avancent bien ».

Christopher Gygès membre du gouvernement en charge de la fiscalité, rappelle l’augmentation du plafond pour les travaux à domicile déductibles d’impôts, annonce qu’il proposera dans les prochaines semaines une baisse de l’impôt sur les sociétés et évoque « un travail pour que la fiscalité de la santé ne pèse pas sur le travail ».

Elizabeth Rivière a dit œuvrer au quotidien pour trouver des solutions au niveau local et national. Elle rappelle l’existence du fonds pour accompagner les ressor- tissants ne pouvant bénéficier du Fiaf, Fonds interprofessionnel d’assurance formation, une aide de 60 000 franc30s pour se former en vue d’une reconversion.

La présidente annonce, surtout à l’intention des artisans du bâtiment qui représentent la moitié des entreprises, la finalisation du dossier de reconstruction du CFA, centre de formation en alternance, de Nouville, « un chantier de trois milliards de francs financé par l’État. Les travaux devraient démarrer au dernier trimestre 2025 ». Une note d’espoir.

Chloé Maingourd