[DOSSIER] Une association sur laquelle s’appuyer

30 à 40 % des femmes atteintes d’endométriose connaissent des problèmes de fertilité. Elles peuvent se tourner vers le collectif Bamp qui accompagne les couples confrontés à ces difficultés.

Un test de grossesse négatif. Un deuxième. Un énième. Et l’espoir d’être un jour parent qui finit, lui aussi, au fond de la poubelle. Les femmes atteintes d’endométriose passent parfois à côté de leur rêve de devenir maman sans complication. Elles sont alors obligées de consulter un spécialiste, d’avoir recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP), à l’adoption. Et il arrive qu’elles finissent par renoncer totalement. Plus qu’autre chose dans ces moments-là, les couples ont besoin de soutien. Le collectif Bamp est leur oreille attentive et l’épaule sur laquelle ils peuvent s’appuyer.

« On voit forcément des femmes qui ont de l’endométriose, ça fait partie des personnes qui se tournent vers le collectif mais on accueille tout le monde du moment qu’il y a un désir de grossesse et qu’elle ne survient pas. Ça peut être de l’endométriose et d’autres pathologies », informe Déborah Guerot, responsable de l’antenne du collectif Bamp. Les causes qui atteignent la fonction reproductive sont multiples : baisse de la qualité et de la quantité des spermatozoïdes, insuffisance ovarienne précoce, syndrome des ovaires polykystiques, etc. Elles peuvent se cumuler avec la qualité de l’environnement et notamment les perturbateurs endocriniens. « Pour l’instant c’est sous-évalué mais on sait que ça a une importance sur l’infertilité », assure Déborah Guerot.

BRISER LE TABOU

Chaque histoire, chaque parcours, chaque couple est différent. L’association les accueille tous à bras ouvert. Elle agit pour faire entendre les voix des personnes infertiles, stériles et ayant recours à l’assistance médicale à la procréation. « On est là pour que les personnes qui vivent la même chose puissent s’entraider. Dans l’entourage, on est souvent confronté à des paroles blessantes », indique Déborah Guerot.

« Qu’est-ce que vous attendez pour faire un enfant ? », « Vous n’en voulez pas ? », « C’est pour quand ? ». Des questions innocentes qui frappent forcément en plein cœur les couples qui tentent désespérément de devenir parents. Et demander de l’aide n’est jamais chose facile. « C’est un deuil à faire, c’est tout un processus. Ça dépend des personnes mais généralement il y a quand même un temps entre le moment où on n’y arrive pas et où on va consulter. C’est un cap à passer. »

Une fois par mois, au Jardin des parents à Nouméa, le collectif organise des rencontres en petit comité. Les couples sont souvent déjà passés chez un médecin. Ils viennent simplement écouter et partager leur expérience personnelle pour ceux qui se sentent prêts. « Ça reste un sujet tabou, difficile à aborder. Peu de personnes se déplacent aux rencontres. » Déborah Guerot reçoit beaucoup de demandes par e-mail, par téléphone. Avec les bénévoles du collectif, elle a fait de la sensibilisation son fer de lance. Témoigner, informer, agir pour aider ces couples à avancer.

Edwige Blanchon

Une semaine de sensibilisation du 25 octobre au 6 novembre

Le collectif Bamp organise la 8e semaine de sensibilisation à l’infertilité. Le premier rendez-vous est programmé à la province Sud, mardi 25 octobre, de 17 heures à 18h30. « On parlera d’infertilité en Nouvelle-Calédonie, des recours possibles et de la loi bioéthique française qui n’est pas encore transcrite ici qui permettrait l’accès de la PMA à toutes les femmes », dévoile Déborah Guerot. Une projection-débat est prévue mercredi 2 novembre, à 18 heures, au Théâtre de l’île avec le documentaire Éprouvantes-éprouvettes. « Il retrace le parcours de plusieurs couples en PMA. » Jeudi 3 novembre se déroulera la traditionnelle rencontre au Jardin des parents à 18 heures. La journée de sensibilisation sera organisée, vendredi 4 novembre, dans le hall d’accueil du Médipôle, de 15 heures à 19 heures. « On va aussi proposer des ateliers bien-être, samedi 5 novembre, de 13 heures à 17 heures, au Jardin des parents. » Enfin, un grand pique-nique avec les bébés nés d’AMP sera organisé dimanche 6 novembre au parc Brunelet.

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