[DOSSIER] Une aide aux plus démunis

L’association Un sandwich pour autrui réalise ses distributions alimentaires mardi matin à la place Bir-Hakeim à10h30,ainsique le vendredi, le samedi et le dimanche en tournée dans plusieurs quartiers à midi. (© N.H)

Au fur et à mesure que le nombre de sans-abri augmente, les besoins sociaux, sanitaires et alimentaires s’accentuent. Un manque de structures aidantes à Nouméa est constaté. Quelques organismes œuvrent pour cette population. Ambiance au centre d’accueil de jour Macadam et auprès de l’association Un sandwich pour autrui.

 

« Ça dépanne bien, Macadam »

Il n’y a pas foule, ce mercredi matin, au centre d’accueil Macadam. Sur une table installée à l’extérieur, quelques personnes boivent leur café, tandis que d’autres regardent la télévision ou discutent à l’entrée de la structure.

Régulièrement, Kendrick, originaire de Houaïlou et présent sur Nouméa depuis une petite année, quitte sa « cabane » située à proximité et vient y « faire un tour ». Pour y prendre une douche, un repas ou simplement retrouver quelques connaissances. « Ça dépanne bien, Macadam, glisse-t-il. Ici, on a quand même de la chance d’avoir des structures comme ça. En France, quand t’es à la rue, tu n’as pas vraiment quelqu’un pour t’aider. »

De l’aide, ils sont de plus en plus nombreux à en avoir besoin. Aurélien Lamboley, directeur de l’association L’Accueil ‒ gérant, entre autres, de Macadam ‒, observe une augmentation « significative » du nombre de sans-abri depuis plusieurs années. La crise n’a pas amélioré les choses. « La solidarité familiale a baissé et des personnes qui arrivaient jusque-là à joindre les deux bouts, n’y arrivent plus », décrit celui-ci.

Pour pallier au problème et au manque grandissant du nombre de foyers, celui-ci souhaiterait la mise en place d’un schéma directeur. « Ce qu’il faudrait, c’est arriver à déterminer les besoins médicaux, sociaux et faire un bilan quantitatif de l’offre », explique-t-il.

Pour cela, la « coopération » est nécessaire. Autant avec les collectivités, comme les mairies et la police ‒ avec qui l’association L’Accueil est en lien ‒ qu’avec la société civile. En dehors des distributions alimentaires hebdomadaires, Macadam organise également des maraudes dites « exploratives » dans les quatre communes de l’agglomération. « C’est un temps d’observation qui nous permet de mieux cartographier les besoins », explique Aurélien Lamboley. « Pendant ces moments-là, on peut aussi bien converser avec des commerçants qu’avec la police, qui vont nous informer sur les habitudes des sans-abri. »

 

Un rendez-vous pour « partager »

Sur les escaliers surplombant la place Bir-Hakeim, du café et des bacs remplis de vêtements ont été disposés. Gâteau entre les mains, Odile fait des va-et-vient entre les différents groupes de personnes présentes. « Qui en veut ? », interroge la bénévole de l’association Un sandwich pour autrui.

Comme chaque mardi matin, une petite poignée de ses membres est venue créer un « moment convivial » avec quelques sans-abri. Parmi eux, il y a Tommy, à la fois bénévole et bénéficiaire du collectif. Le soir, il dort « parfois chez [sa] mère », parfois dans la rue. Son quotidien varie en fonction de ses revenus. Mais, depuis la crise, l’intérimaire dans le secteur du BTP rencontre davantage de difficultés. « Je vais pointer, mais il n’y a pas de boulot. C’est dur. »

Alors, donner de son temps pour les autres lui permet de « partager ». « Ça me décourage de voir tous ces gens. Je me reconnais en eux. Lorsque ma mère ne sera plus de ce monde, je serai dans la même situation », suppose-t-il. Ces rendez- vous de l’association, Clotilde ne les rate presque jamais. Sans domicile fixe depuis deux ans ‒ résultat d’une histoire de vie « dramatique » ‒, l’infirmière de profession arrive à survivre grâce à la solidarité qui l’entoure.

Celle des poissonniers de Moselle, « qui me donnent à manger tous les week-ends », ou des personnes qui l’entourent et qui connaissent sa situation. « Un jour, j’ai retrouvé là où je dormais une natte avec des couvertures, avec un mot à mon nom », raconte-t-elle. « Mais, met-elle en garde, la rue, c’est aussi bien que dangereux. » Récemment, à côté du Betico où elle dort régulièrement, « on m’a volé mon sac avec mes affaires, et on les a jetés à la déchetterie ».

Sans domicile fixe depuis tout juste trois semaines, Jacky n’a pas encore connu de « vrais coups durs dans la rue ». Du moins, « pas pour le moment ». Mais les maraudes et les rendez- vous fixés par Un sandwich pour autrui sont déjà entrés dans ses habitudes. « Quand on me tient au courant, je viens », sourit-il.

Nikita Hoffmann