[DOSSIER] Une accalmie, mais encore des points chauds

Les accès vers le Médipôle ont été libérés, mais la situation reste fragile. Il est demandé aux Calédoniens de ne s’y déplacer qu’en cas d’urgence ou de rendez-vous confirmé par le personnel. (© Y.M.)

L’arrivée massive des forces de l’ordre se concrétise peu à peu par le rétablissement de l’ordre public, mais des difficultés subsistent dans le nord de Nouméa, au Mont-Dore, à Dumbéa. La levée de l’état d’urgence devait permettre aux indépendantistes d’appeler au calme sur le terrain.

Les derniers jours ont été marqués par une amélioration significative de la situation dans la capitale qui commence timidement à revivre, quoique dans un certain chaos. Au rythme de l’arrivée des forces de l’ordre – et les renforts continuent d’affluer – l’espoir est à nouveau permis.

Dimanche 26 mai, une nette accélération était observée sur le terrain avec la reprise et le maintien de la presqu’île de Nouville, la sécurisation de Kaméré où de terribles exactions avaient eu lieu au lendemain de la visite du président de la République, et l’interpellation dans la zone d’un des leaders des émeutes. Un peu plus loin, très attendu sur Koutio, le déblocage par six escadrons de gendarmes mobiles de l’axe central vers le Médipôle. 120 carcasses ont été retirées. Dans les squats alentours, deux postes de tir auraient été débusqués.

C’est dire les risques qu’ont pris forces de l’ordre, soignants et malades dans cette zone où une agression de policiers en civil s’est soldée par la mort d’un homme. La situation n’est pas pour autant normalisée : on ne peut y accéder que par le pont des Érudits, et le Médipôle rappelle ne traiter que les urgences.

On notait également, au Mont-Dore, une vaste opération pour reprendre le contrôle de Boulari, mise à sac. Des problèmes persistaient à Saint-Michel. La vigilance restait de mise en Brousse après des tensions à Boulouparis vendredi 24 mai.

GUERRE D’USURE

Dans la nuit de dimanche à lundi, 25 barrages ont été nettoyés à Magenta, Tuband, Montravel, Normandie et la Vallée-du-Tir. Le lendemain, 35 véhicules étaient engagés pour nettoyer Magenta, Tuband, le secteur du foyer wallisien ouvrant l’accès à des rues adjacentes jusqu’ici bloquées. Plus de 170 objets lourds ont été retirés.

Tous ces quartiers ne bénéficient pas d’une présence des forces de l’ordre en continu et s’y joue une guerre d’usure : aussitôt retirés, des barrages sont remontés, mais moins imposants. On signalait lundi, un tir en direction d’un civil en fin d’après-midi au 4e Km.

La surveillance est permanente à Nouville, Kaméré et désormais Ducos. Car l’attention s’est enfin portée sur la sécurisation de cette grande zone industrielle ravagée par endroits, devant notamment faciliter l’approvisionnement en hydrocarbures. L’État faisait mention, mardi 28, du dégagement de la Savexpress jusqu’à Rivière-Salée, quartier ressemblant encore à une ville assiégée en début de semaine.

Les principaux points durs restant sont la route de Saint-Louis avec des risques particulièrement élevés et des personnes à interpeller dans le cadre, entre autres, de l’assassinat du jeune gendarme. Avec une population au sud coupée du monde et comme unique porte de sortie, les navettes maritimes. Dumbéa est aussi encore dans une situation difficile. Policiers et gendarmes poursuivent aussi la sécurisation de Païta.

Évidemment, reste la route vers l’aéroport constituée, au moins en partie, d’un immense champ de ruines. Au sol, des carcasses (140 retirées vers le pont des Érudits mercredi) et des routes dégradées. Ce travail sera long et fastidieux et impliquera probablement des solutions transitoires sur les voies.

BARRAGES « FILTRANTS »

Alors qu’il a été demandé de lever les barrages partout, la CCAT et ses relais ont, semble-t-il pour l’heure, préféré privilégier des barrages filtrants aux points stratégiques des communes, laissant se faire ravitaillements et accès aux soins.

Le 26 mai, l’Élysée a annoncé l’arrivée de sept unités de forces mobiles, soit 480 gendarmes portant à 3 500 les effectifs des forces de l’ordre. L’État devrait avoir le dernier mot grâce à ces forces méticuleuses exerçant dans des conditions très difficiles (2 morts, 136 blessés), et qui resteront « aussi longtemps que nécessaire ». Mais des discussions politiques dépendra véritablement l’apaisement général et de ce point de vue, difficile de se prononcer sur ce qu’il adviendra tant les discours restent entiers et décevants.

 

♦ Levée des mesures relatives à létat d’urgence
La fin de létait durgence a marqué la fin des assignations à résidence. Elles concernaient, selon le ministère de lIntérieur, 29 personnes, principalement des membres de la CCAT. Et sappliquaient au périmètre dune commune avec obligation de pointer plusieurs fois par jour au commissariat. Levée également des perquisitions administrative et de linterdiction de TikTok, qui constituait une première en Europe.
♦ À Dumbéa, toujours des zones en autarcie

Les difficultés n’étaient pas du tout réglées mardi, selon la mairie, à Apogoti, Pointe à la Dorade, quelques poches à Dumbéa-sur-Mer, etc. Mais des pelotons de gendarmerie y sont désormais positionnés en permanence. Les interventions sont souvent suivies de nouvelles exactions ou de remise en place des barrages. De nombreuses opérations de nettoyage ont pu être menées dans la partie sud. Sur les barrages à Dumbéa durant les émeutes, la présence de jeunes venus d’autres communes.

 

Chloé Maingourd