[DOSSIER] Un marché en plein boom

Il existe une cinquantaine d'entreprises de sécurité privée en Nouvelle- Calédonie. (© N.H.)

Le vent en poupe durant les émeutes, les entreprises de sécurité calédoniennes ont vu évoluer leur marché durant cette période.

Agents de sécurité, caméras de surveil- lance, télésurveillance ou mise en place de dispositifs d’alarme : en Nouvelle- Calédonie, les entreprises de sécurité sont aussi nombreuses que variées. Selon des acteurs du secteur, elles seraient au nombre d’une cinquantaine, allant de l’autoentrepreneur à des sociétés de plus de 400 salariés. Certaines sont spécialisées dans le gardiennage, c’est-à-dire dans la surveillance de lieux au moyen d’agents de sécurité. D’autres ont étendu leurs activités à la surveillance numérique (télésurveillance, caméras, alarmes…).
Après le 13 mai et le début des émeutes, « chose logique », elles ont vu augmenter de façon importante le nombre de demandes provenant de grandes surfaces commerciales, d’entreprises ou d’établissements scolaires. « Là où on mettait auparavant un agent, il fallait désormais en mettre trois ou quatre au même endroit », témoigne Jules*, directeur d’exploitation d’une société de sécurité. La nuit, comme le jour. « Certaines entreprises voulaient des passages toutes les heures, alors qu’auparavant on était plus sur deux rondes par nuit », décrit Frédéric Formentin, directeur d’exploitation du Vigilant et d’Hermes Protection.

DES PRIX « MULTIPLIÉS PAR DEUX OU TROIS »
Difficile néanmoins ‒ alors qu’au plus fort de la crise de nombreuses routes étaient fermées ‒, de répondre à toutes les demandes, les agents de sécurité étant régulièrement « bloqués à certains endroits ».
« En plus, durant les émeutes, certains vigiles ont perdu leur carte, car leur casier judiciaire n’était plus vierge [condition sine qua non pour exercer en tant qu’agent de sécurité] », décrit Thérèse*, salariée d’une entreprise de gardiennage.
Devant ce pic d’activité, certaines entreprises ont tiré profit de la crise, en augmentant leurs tarifs. « Pendant les émeutes, ils ont été multipliés par deux ou trois. On en a vu qui sont allés jusqu’à 5 500 francs de l’heure. Alors que normalement, on tourne plus autour de 2 300 francs pour de la surveillance humaine », souligne Jules*.
Une hausse d’activité bien différente selon les échelons de sécurité. Pour Hermes Protection, entreprise spécialisée dans la télésurveillance, l’augmentation de la demande a été peu significative. « Les gens préféraient avoir une présence humaine », explique son directeur d’exploitation, Frédéric Formentin. Une baisse du chiffre d’affaires ‒ de l’ordre de plusieurs millions de francs ‒ a même été constatée. « Beaucoup d’établissements qui étaient nos clients ont brûlé et ne savent pas s’ils vont reconstruire. Certains se rééquipent, d’autres non. »

REDESCENTE ÉCONOMIQUE
Aujourd’hui, les demandes ont diminué, et la situation « revient à la normale », voire chute pour certaines sociétés. Les émeutes étant désormais loin, « on subit la crise économique, car même s’il faut sécuriser, les entre- prises n’ont pas forcément les moyens de le faire. […] Le budget annuel qu’elles avaient pour la sécurité, elles l’ont dépensé en quelques mois », regrette André*, gérant d’une des sociétés de la place, faisant de la surveillance humaine, des rondes ainsi que de la télésurveillance.
Conséquence : il a dû licencier « une quinzaine de personnes ». Les reconstructions à venir seront, peut-être, une nouvelle bouffée d’air pour le secteur.

Nikita Hoffmann

*Prénoms d’emprunt