Neuf mois après le début des émeutes et la multiplication des départs, des entreprises se retrouvent amputées de salariés ou de main-d’œuvre. Une situation qui n’est pas sans conséquences pour les équipes restantes. Témoignages.
Si l’on pense directement au monde hospitalier lorsqu’on évoque la « fuite des compétences » en Nouvelle-Calédonie, il n’est pas le seul secteur à avoir été touché par les départs. Les pharmacies du territoire – passées de 70 à 64 durant les émeutes – font face, elles aussi, à un manque important de personnel.
Un phénomène nouveau, car « jusqu’à présent, il y a toujours eu un turn-over de pharmaciens qui venaient s’installer sur le territoire, informe Christophe Delest, président du syndicat des pharmaciens de Nouvelle-Calédonie. Depuis le 13 mai, il y en a deux qui sont arrivés, alors que d’habitude c’est une vingtaine par an ».
« SE RÉINVENTER »
Par conséquent, « pas le choix, on travaille plus ! », lance-t-il. À la pharmacie de Rivière-Salée où il exerce, « il y a une tension au niveau des équipes officines. On ne fait pas forcément plus d’heures, mais on est moins nombreux à servir, donc on travaille beau- coup plus, on est obligés de se réinventer ».
Dans le secteur informatique également, les besoins en personnel se font sentir. Si certaines boîtes ont fait le choix de diminuer leurs effectifs consécutivement à la baisse d’activité, d’autres cherchent activement à recruter. Spécialisée dans l’assistance et le service informatique, l’entreprise SF2i a connu « pas mal de départs » en 2024. Rien que pour le dépannage à distance (service d’aide effectué avec le particulier au téléphone), l’équipe est passée de huit à cinq personnes, créant une « suractivité » pour les personnes restantes. « Nous essayons de recruter, mais il y a très peu de profils intéressants qui postulent, aujourd’hui », regrette Hennerick Roy, responsable du service.
Pour la partie aide à domicile, la situation n’est guère meilleure. « Nous avions des techniciens qui avaient acquis beaucoup de compétences. Trouver des personnes avec le même niveau, c’est très compliqué. » Alors, comme les équipes pharmaceutiques, les salariés de SF2i essaient de trouver des solutions « là où il y en a ». « On veut garder nos clients, car on a besoin d’assurer une rentabilité pour l’entreprise. Du coup, on surcompense, on fait les chaises musicales, explique Hennerick Roy. Par exemple, des gens qui étaient responsables reviennent un moment à la partie technique, le temps de trouver une solution pérenne ».
Nikita Hoffmann