« Nous sommes résilients parce que nous enchaînons les crises depuis quatre ans : le Covid-19, les requins et puis maintenant ça », énumère Julie Laronde, directrice de Nouvelle-Calédonie Tourisme (NCT). En 2023, l’activité avait pourtant retrouvé un nouveau souffle, avec des niveaux proches de ceux atteints avant la pandémie.
Le tourisme représente 5 383 salariés, 2 314 entreprises et 50,9 milliards de francs de recettes internationales, d’après NCT. « Bien qu’il constitue un axe de développement, le secteur est encore relativement modeste avec un poids estimé à 4 % du PIB », note l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) dans son dernier rapport économique.
« 2024 était censée être l’année où tout reprend, regrette Cédric Ixeko, directeur de l’agence Îles Loyauté Explorer. En début d’année, le taux d’occupation frôlait les 70 à 80 %. Le 13 mai nous a beaucoup fait reculer. » Peu de prestataires ont été touchés par les destructions, mis à part Noumea Discovery qui a perdu toute sa flotte de bus et son petit train. Les conséquences sont d’abord économiques. « Entre mai et juillet, plus de 90 % des prestataires de tourisme de la province Sud ont enregistré des annulations de réservation sur plusieurs mois. Près de 50 % des acteurs ont été contraints de suspendre temporairement ou définitivement leurs activités », relève Sud tourisme, dont la région compte 24 structures fermées.
Le constat est similaire dans les autres provinces. « Aux Îles, ça nous a bien ralentis parce que nous n’avons pas le nickel, nous n’avons que les plages et les beaux couchers de soleil. Le tourisme est porteur, déplore Cédric Ixeko. Les activités et l’accueil en tribu ont été mis en sommeil. Certains de nos hôtels ont été mis en phase de sauvegarde. » Dans le Nord, la reprise est très timide. « En moyenne, nous sommes autour de 20 à 30 % d’occupation. La tendance se confirme surtout sur les activités, les gens se débrouillent pour l’hébergement. Sur la côte Est, nous sommes quasiment au niveau zéro », détaille Judickaël Selefen, directeur du GIE Tourisme province Nord.
UNE FILIÈRE PRIORITAIRE
Pour les professionnels, la principale question est : comment se relancer ? Le secteur repose sur deux marchés : l’international et le local. À l’heure actuelle, les voyageurs extérieurs manquent cruellement. La Nouvelle-Calédonie a perdu une grande partie de sa capacité aérienne avec le retrait d’Air New Zealand et de Fiji Airways et la reprise très progressive de Qantas et Aircalin, qui a suspendu les vols vers le Japon.
Le pays doit de plus reconstruire son image à l’extérieur et redonner confiance aux visiteurs. Seule embellie au tableau, le retour des croisières. Le marché local reste aussi à convaincre. Certaines zones reprennent tandis que d’autres peinent à faire revenir les visiteurs. Sans compter que le Betico 2 et Aircal ont diminué leur nombre de rotations. Et la baisse du pouvoir d’achat constitue un frein au développement des loisirs.
« Le tourisme est une des filières prioritaires d’avenir et elle peut reprendre rapidement, garantit la directrice de NCT. Il n’y a pas besoin de gros investissements. C’est surtout de la communication et du marketing. » Encore faut-il que les promoteurs aient les moyens d’assurer leur mission. NC Tourisme, Sud tourisme, Îles Loyauté Explorer et le GIE Tourisme province Nord, tous subissent les baisses de subventions. Or, sans communication, pas de touristes, et sans touristes, pas de recettes. « Quand nous rassurons les touristes à l’international, cela aide aussi à rassurer des investisseurs. Tout ça va contribuer à l’attractivité économique du pays, plaide Julie Laronde. Si nous ne faisons pas ces campagnes d’attractivité, qui va en faire ? »
F.D.