[DOSSIER] Thierry Santa : « Le guichet unique permettrait une information centralisée »

Mieux informer, promouvoir les aides disponibles, créer un statut pour les entreprises adaptées : autant de sujets sur lesquels Thierry Santa, membre du gouvernement en charge notamment du handicap, assure travailler.

DNC : Quels dispositifs existent pour faciliter l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap ?

Thierry Santa : Il y a le taux d’emploi de travailleurs handicapés, 2,5 %, auquel sont soumises les entreprises. Si elles ne le respectent pas, elles ont l’obligation de verser une contribution au Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, FIPH, qui est un des rares fonds encore positifs aujourd’hui. Cette situation est liée à un manque d’information du monde économique de l’existence de cette enveloppe qui est mise à disposition pour faciliter le recrutement de personnes en situation de handicap. Cela passe par la prise en charge des cotisations sociales jusqu’à 100 % la première année ou encore le financement d’aménagements et d’équipements si nécessaires. Mais on a très peu de demandes.

De nombreuses personnes en situation de handicap recherchent un emploi. Les employeurs sont-ils réticents ?

Je ne suis pas sûr qu’il n’y ait que de la réticence. Je pense qu’il y en a, mais pas seulement. Des représentants du Medef sont venus me voir spécifiquement sur ce sujet-là. Leur discours était que les entreprises aimeraient recruter, mais n’étaient pas informées, ne savaient pas à qui s’adresser et où trouver des candidats.

La création d’un guichet unique est envisagée afin de répondre à ces besoins…

Oui, cela permettrait à la fois d’informer les personnes en situation de handicap de leurs droits, les entreprises des aides qu’elles peuvent obtenir et de les mettre en lien avec les travailleurs handicapés en recherche d’emploi. On réfléchit à intégrer ce guichet unique dans le cadre d’une réflexion plus générale sur les deux GIP qui existent, Union pour le handicap, axé sur la mise à disposition d’auxiliaires de vie dans les écoles, et le GIP HDBV, handicap, dépendance et bien vieillir, axé sur la carte seniors. Il faut une information centralisée. Cette structure serait également en charge du site www.handicap.nc, qui est en stand-by.

 

Les entreprises aimeraient recruter, mais ne savent pas à qui s’adresser et où trouver des candidats.

 

Afin d’inciter les entreprises, le taux de 2,5 % pourrait-il être relevé ?

Il n’est pas prévu de le revaloriser. L’objectif est déjà d’y arriver.

Il est également question de créer un statut d’entreprise « adaptée » ?

On réfléchit à ce statut, car il n’existe pas alors qu’il y a déjà des entreprises de ce type comme Hanvie. On pense aussi leur faire bénéficier d’une partie du FIPH, qu’on envisage également d’étendre aux entreprises d’intérim. Dans un second temps, cela existe en Île-de-France par exemple, on imagine mettre en place un accélérateur-incubateur qui travaille à la promotion d’entreprises individuelles portées par des personnes en situation de handicap. On pourrait leur dédier un espace à la Station N.

Quand cela devrait-il aboutir ?

La réflexion sur les deux GIP, le statut sur les entreprises adaptées et l’aide aux sociétés d’intérim devrait aboutir au premier semestre 2023.

Il y a la question du recrutement, mais aussi des compétences et donc de la formation. Qu’en est-il dans ce domaine ?

Concernant la formation, il existe le PAP, parcours d’accompagnement personnalisé, à tout âge. Je suis aussi en charge de l’emploi et de la formation professionnelle. À ce titre, on étudie la création d’un service public territorial de l’emploi dont l’objectif serait de coordonner les structures provinciales existantes dont le fonctionnement n’est pas très harmonisé, et qui ne met pas en commun les offres et les demandes d’emploi. Ce futur service deviendrait celui de l’emploi et de l’insertion et intègrerait les parcours de formation des publics les plus éloignés de l’emploi, dont les personnes en situation de handicap. C’est un travail en profondeur qui va prendre davantage de temps.

 

2,5 %

Le taux d’emploi de travailleurs handicapés (TH) est fixé à 2,5 % de l’effectif pour les entreprises de plus de 20 salariés. Ce chiffre est de 6 % en Métropole. Il existe trois façons de remplir cette obligation : employer des TH, conclure des contrats de fourniture de sous-traitance ou de prestation de service avec le centre d’aide par le travail (CAT), ou verser une contribution au Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Le FIPH octroie des aides aux entreprises afin de faciliter l’accès et le maintien dans l’emploi des adultes handicapés.