Le mur d’escalade de Koutio a été incendié le 24 juin, cinq semaines après celui de Magenta, pour lequel la ligue espère une reconstruction dans un autre quartier. Les gérants du bowling de Ducos jugeant « trop compliqué » de rebâtir, la ligue réfléchit à sa mise en sommeil.
Aux Boucles de Tina, les vélos ont été volés, le local a été saccagé, les pistes sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Dans les clubs de tir à l’arc de Païta et de Dumbéa, arcs et flèches ont disparu. À Païta encore, une installation sportive, dont le gérant préfère rester discret, a été vandalisée au point d’être inutilisable. Dans ces quatre endroits, c’est une question de temps, d’argent et d’efforts, mais l’activité sportive reprendra certainement.
Pour le bowling, en revanche, c’est probablement terminé. Le bâtiment a brûlé dès les premiers jours des émeutes et ses propriétaires doutent d’être en mesure de reconstruire. « Je ne sais pas si on aura le courage de le refaire », souffle Suzanne Mathias, qui avait créé le Pacif’ik en 2012, avec son mari Christian, après avoir quitté leur bowling de Colmar. « On a ramené toute notre vie en Nouvelle-Calédonie. Maintenant, il faudrait trouver 70 millions pour recommencer, sans certitude que ça ne rebrûlera pas… Ça me paraît trop compliqué. » Suzanne pleure aussi et surtout « 12 années de partage avec la clientèle ».
Il faudrait trouver 70 millions pour recommencer, sans certitude que ça ne rebrûlera pas… Ça me paraît trop compliqué.
La Ligue calédonienne de bowling et ses 52 licenciés sont orphelins, eux aussi, de l’unique installation du territoire. « On va certainement se rapprocher du CTOS [Comité territorial olympique et sportif, NDLR] pour réfléchir à la mise en sommeil de la ligue », indique le président, Ricardo Gremy, « meurtri » par la violence. « Brûler une école, un bowling, un magasin… Je ne comprends pas l’intérêt. On avait plein de projets pour redynamiser le bowling. Je suis triste et en colère. »
« IL FAUT ABSOLUMENT RECONSTRUIRE »
À Koutio, la structure artificielle d’escalade a brûlé le 24 juin. Dès la première semaine des émeutes, celle de Magenta avait été incendiée pour la deuxième fois en dix ans. La ligue a encore perdu son principal outil de travail, dix ans après un premier feu d’origine criminelle. Elle a signé avec l’un de ses salariés une rupture conventionnelle, les 11 autres sont en sursis.
« Il faut absolument reconstruire, et pas dans dix ans », lance Philippe Boquet, le président, qui ne peut se résoudre à abandonner ni le haut niveau, ni la pratique de masse ‒ Magenta totalisait près de 100 000 entrées par an, notamment grâce à la participation des scolaires. Il refuse cependant de rebâtir sur place, jugeant l’endroit définitivement trop risqué, et espère que la mairie de Nouméa sera en mesure de proposer un nouveau terrain.
Quant aux quelque 300 millions de francs nécessaires à la reconstruction, il compte sur l’Agence nationale du sport (ANS), qui dispose de moyens financiers extrêmement importants. « On ne rebâtira pas au détriment de fonds qui seraient versés à la Nouvelle-Calédonie. L’ANS va suivre, c’est certain. On a le soutien de notre fédération, qui siège dans la commission compétente », assure Philippe Boquet qui, dans son action de lobbying auprès de Paris, peut compter sur l’appui du CTOS.
L’Agence nationale du sport va suivre, c’est certain.
Le président insiste sur la solidité du dossier de l’escalade. « On est un pôle espoir et on a d’excellents résultats », les jeunes entraînés par Bassa Mawem ayant réalisé de belles moissons aux championnats de France ces dernières années. « On est un sport préconisé pour la rémission et la prévention des troubles fonctionnels. Donc on a toutes les raisons de croire en nos chances. C’est une question de volonté politique. »
Gilles Caprais