[DOSSIER] Se relever après avoir perdu travail et logement

En parallèle de l’aide qu’elle apporte aux personnes âgées de son quartier, Djémila fait également partie de l’association Solidarité RS, aux côtés de laquelle elle distribue des dons alimentaires et hygiéniques. (© N.H)

Parce qu’ils ont perdu leur travail, ont dû quitter leur logement ou n’ont plus les moyens financiers suffisants pour subvenir à leurs besoins, de nombreuses (et nouvelles) personnes se retrouvent, depuis la crise, en situation de précarité. Témoignages.

Elle avait son appartement à Boulari et travaillait à l’usine du Sud. Depuis le 13 mai et l’incapacité de s’y rendre, Djémila a radicalement changé de vie. Désormais au chômage, la jeune femme a dû retourner vivre chez son grand-père, à Rivière-Salée. Disposant déjà d’une « petite retraite », celui-ci a été obligé de solliciter l’association Solidarité Rivière-Salée – distribuant des dons alimentaires – pour pouvoir se nourrir. Car « avec la baisse des pensions de retraite votée pendant la crise, c’était plus possible », explique Djémila.

AIDER APRÈS AVOIR ÉTÉ AIDÉE

À la suite de ce constat, cette dernière a décidé de profiter de son « temps libre » pour aider d’autres personnes âgées isolées du quartier. « Il y en a beaucoup qui sont seules et sans famille. Je leur fais des tâches ménagères et des courses, je leur tiens compagnie », décrit-t-elle, sourire constamment scotché aux lèvres. Comme elle, plusieurs personnes se sont retrouvées en situation précaire au cours des six derniers mois. Avec son conjoint et leur fille de 4 ans, Barbara* résidait avant le 13 mai à Dumbéa-sur-Mer.

Après les exactions, tous deux ont perdu leur emploi et ont également dû compter sur leur famille pour les loger à Païta. « Par la suite, mon compagnon a été incarcéré au Camp-Est [pour des faits ne relevant pas d’exactions, NDLR]. Ça devenait compliqué de subvenir aux besoins de mon enfant », raconte la mère de famille, qui a dû changer sa fille d’école et a aussi pu compter sur le soutien de l’association Reconstruction NC – fondée durant la crise – pour lui fournir des vêtements.

REBONDIR

« Nous avions quitté notre ancien appartement, donc je voulais avoir de quoi vêtir ma fille », explique-t-elle. Si son quotidien s’avère être « très compliqué », Barbara* reste confiante. « Je vais reprendre le travail très prochainement, donc j’ai espoir que ça s’arrange et qu’on arrive à avancer malgré tout ce qu’on a vécu. Je pense que d’autres personnes sont dans de pires situations. Je suis chanceuse de pouvoir rebondir », estime-t-elle.

Nikita Hoffmann

*Prénom d’emprunt.