Déjà fragile avant le 13 mai, le système de santé calédonien a été mis à rude épreuve en 2024. Huit mois après les premières exactions, le constat est alarmant : au total, le territoire a perdu 40 % de sa capacité d’hospitalisation. Au Médipôle, certains services ‒ comme la gastroentérologie et l’ophtalmologie ‒ connaissent des difficultés « dramatiques » et ont été obligés de fermer momentanément. À l’origine de cette situation, un nombre accru de départs de soignants. Des médecins, mais surtout des infirmiers. Au Médipôle, pas moins de 114 d’entre eux ont quitté le territoire entre janvier et novembre 2024.
Or, ces départs ne sont que très peu compensés par de nouvelles arrivées. « Lorsqu’un poste se libère, explique le représentant des médecins urgentistes Vincent Fardeau, l’infirmier susceptible de venir se renseigne auprès de ses confrères et, très rapidement, refuse. Plusieurs éléments peuvent l’expliquer. Souvent, ce n’est pas un infirmier ou un médecin seul qui vient, mais des familles entières. Donc il faut qu’il y ait une école, une éducation correcte, un service de soins qui fonctionne… Cette perte d’attractivité extrêmement importante se ressent et va perturber toute l’année 2025. »
VERS DE NOUVELLES SOLUTIONS
Tout l’enjeu des prochains mois va donc être de renforcer les ressources humaines. Récemment, les équipes du Médipôle se sont rapprochées de certains grands centres, comme l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, l’hôpital Paris Saint-Joseph ou l’hôpital Foch, afin de pouvoir encourager la venue de spécialistes, notamment en gastroentérologie, pneumologie et oncologie. En parallèle, depuis novembre, des médecins étrangers ont également été recrutés. « Les mesures qui ne dépendent que de nous, nous l’avons fait. Maintenant, il va falloir passer à des solutions nécessitant des validations politiques », souligne Thierry de Greslan, président de la commission médicale d’établissement du Médipôle.
En ce sens, plusieurs propositions ont été faites par les équipes du CHT, mais restent pour le moment à concrétiser avec le gouvernement et les représentants de l’État. Il pourrait s’agir, entre autres, de mettre en place des partenariats avec l’armée afin de renforcer les équipes paramédicales, de faire appel à des infirmiers libéraux pour des contrats à court terme, ou encore d’installer des médecins généralistes aux urgences afin de traiter les cas non graves et, ainsi, éviter la saturation du service. Récemment, le député Nicolas Metzdorf a également annoncé ‒ via son compte Facebook ‒ avoir pris contact avec le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, dans le but de mobiliser la réserve sanitaire.
Nikita Hoffmann