La protection sociale traverse une crise persistante, exacerbée par les événements du mois de mai. La santé, la retraite et le chômage se fissurent. Seules les prestations familiales résistent.
La politique sociale n’échappe pas au constat général. « Les problèmes actuels n’ont fait qu’accélérer des difficultés déjà présentes avant », introduit Jean-Pierre Kabar, vice-président du conseil d’administration de la Cafat. À tel point, qu’une « correction arithmétique » ne suffira pas. « Nous ne pourrons pas nous contenter de trouver de l’argent, des économies drastiques sont nécessaires. »
Pour couper dans les dépenses du Ruamm, « il faut requestionner l’ensemble des dispositifs, évaluer leurs coûts, se demander si c’est la bonne méthode et si nous pouvons faire mieux ». Des réflexions sont menées depuis plusieurs années par la Cafat. Plusieurs idées ont émergé : moins rembourser les médicaments à faible service médical rendu (SMR), instaurer un ticket modérateur de 100 francs sur les boîtes de médicament et de 10 % sur les consultations.
Autre sujet d’attention : le financement du régime d’assurance maladie (constitué à 80 % de cotisations sociales et à 20 % de fiscalité). Un transfert progressif des cotisations du travail vers l’impôt est envisagé. Certains évoquent la création d’une taxe sociale, par exemple qu’une partie de la TGC soit redirigée vers la prise en charge de la santé. Jean-Pierre Kabar lui préfèrerait la CCS (contribution calédonienne de solidarité), dont l’assiette, plus large, s’applique sur l’ensemble des revenus et produits (d’activité, du patrimoine, d’épargne et de placement, etc.).
In fine, seule une combinaison de solutions pourra fonctionner, estime Jean-Pierre Kabar, qui partage la crainte que les dépenses de santé des Calédoniens puissent « être moins bien remboursées ».
QUEL AVENIR POUR LE SYSTÈME PAR RÉPARTITION ?
L’autre point noir concerne le régime des retraites, viable jusqu’à fin 2025. La réforme votée en 2022, qui augmente l’âge de départ de 60 à 62 ans en 2026, « est insuffisante », pose le vice-président du conseil d’administration de la Cafat. Des ressources supplémentaires s’avèrent nécessaires. Une des pistes étudiées ? « Passer les cotisations dédiées au régime famille à celui des retraites, ce qui donnerait de l’air. »
À moyen terme, réfléchir au rapprochement des deux dispositifs de retraite du privé et du public, ainsi qu’à leur fonctionnement. Le modèle par répartition est-il tenable ? « Cela paraît compliqué pour les années à venir. Nous pourrions imaginer un premier niveau par répartition, qui assurerait un revenu minimum, puis un second niveau en fonction des ressources. » Enfin, une des préconisations serait, là aussi, de fiscaliser la politique de la famille.
A.-C.P.