Les exactions du mois de mai ont été commises par une part importante de jeunes. Depuis l’avènement de la crise – et bien que l’on ne dispose pas de chiffres officiels concernant l’âge moyen des émeutiers -, cette affirmation a été communément admise, répétée sur les plateaux télévisés, dans certains discours politiques, sur les réseaux sociaux ou dans la sphère privée. S’il s’avère vrai, ce constat interroge sur la place de la jeunesse dans la société. Quel mal-être ces événements traduisent-ils ?
Richard Digoue, danseur et chorégraphe à la tête de la compagnie Nyian (composée presque exclusivement de jeunes), préconise une « écoute plus active » et un « travail d’éducation à remettre en place ». « Aujourd’hui, il y a des gamins qui sont laissés pour compte… Au niveau de la cellule familiale, il y a tout un travail à faire. […] À travers les exactions, c’est une souffrance qui s’est exprimée. » Cherté de la vie, absence de travail… Plusieurs éléments viennent s’ajouter à cette colère collective.
Pourtant, ces dernières années, des dispositifs et plans stratégiques ont été mis en place pour améliorer le bien-être de la jeunesse. À l’image – entre autres – du Livre du chemin de la jeunesse kanak élaboré en 2015 par le Sénat coutumier, du plan jeunesse.nc réalisé par le gouvernement en 2019, ou encore des conseils de jeunes installés au sein des mairies de Nouméa et Dumbéa afin de leur donner la parole.
« FATIGUÉS ET EN COLÈRE »
Alors, qu’a-t-on loupé ? Pour le chorégraphe, un « travail de communication » reste à réaliser entre les « référents de terrain » (animateurs de maison de quartier, acteurs des structures de jeunesse, etc.) et les personnalités politiques, à l’initiative de ces projets. « Il y a tout un travail de remontée d’informations à faire, mais il faut aussi que les personnes référentes viennent également sur place, car on se rend bien compte que lorsqu’il y a des animations faites sur des ateliers ou autres, en retour, il n’y a pas la réponse attendue », soulève-t-il.
Un manque de considération de la part des élus politiques est également régulièrement dénoncé. « Les gouvernements successifs nous ont toujours fait beaucoup de promesses qu’ils n’ont jamais tenues. Du coup, certains jeunes sont fatigués et en colère », évoque un ado du quartier de Riverstar.
Représentant 22 % de la population calédonienne en 2019 selon l’Isee, la part des 15-29 ans est pourtant investie dans la vie de la société, bien qu’elle ne fasse pas beaucoup de bruit. À travers certaines organisations naissantes, comme l’Union pour la jeunesse calédonienne (UPJC), les jeunes font entendre leur voix, s’exprimant sur leurs besoins, leur envie « d’agir » et d’aller de l’avant.
Nikita Hoffmann