[DOSSIER] Portraits d’influenceurs

Laura NC, Machoux, Miss Fortune et la famille Lodier sont des influenceurs et/ou créateurs de contenus connus des calédoniens. (©N.H)

 

Laura NC, l’influence comme métier

C’est à partir d’une vidéo humoristique qu’elle publie sur TikTok, il y a un an et demi, que Laura NC – bien connue des Calédoniens aujourd’hui – commence son chemin vers le domaine de l’influence. « Ça a buzzé et je me suis dit “il y a quelque chose à faire”. Puis j’y ai pris goût », raconte-t-elle.

Après un premier contrat avec l’opticien Alain Afflelou, les demandes de collaboration s’enchaînent. En un an, la jeune femme de 34 ans comptabilise 100 000 followers de plus sur TikTok. Une évolution qui lui permet de quitter son ancien travail et de vivre pleinement de cette activité. Aujourd’hui, ce serait la seule influenceuse du Caillou à en avoir fait son métier, avec « trois à cinq demandes » de collaboration par jour.

Recommandation d’adresses culinaires, publicité pour des magasins, promotion d’événements… Laura ne se refuse rien. En revanche, par souci d’authenticité, « j’essaie de faire le tri et d’en accepter que trois par semaine », précise l’influenceuse, dont le planning est « booké jusqu’en avril ». Un mode de vie qu’elle apprécie pour la « liberté » que cela lui laisse, mais également pour la confiance que les réseaux lui ont apportée. « Voir autant de gens qui aiment ma façon de voir les choses, ça fait forcément du bien. »

Machoux, une notoriété au service des autres

Les consommateurs de TikTok sont peut-être déjà tombés sur l’une de ses vidéos. De longs cheveux, quelques pas de danse et un goût prononcé pour le zouk et le kompa : c’est Machari Goaouo, plus connu sous le nom de Machoux sur les

réseaux sociaux. Diplômé d’un bac STD2A et « attiré par le domaine de l’audiovisuel et de l’art », c’est « tout naturellement » que le jeune homme débute la conception de vidéos il y a deux ans. S’il essaie de « varier son contenu » – avec des remix, des vlogs [vidéos montrant le quotidien d’une personne, NDLR] ou de l’humour –, sa notoriété « [prend] une réelle tournure » lors des émeutes.

À cette période, Machoux utilise son TikTok pour communiquer sur les actions de l’association Solidarité Ducos, dont il est membre. En parallèle, il lance une collecte de dons alimentaires pour les habitants de la tribu de Saint-Louis, sinistrés. « Je suis arrivé là-bas avec 400 kilos de denrées alimentaires pour lesquelles j’avais dépensé zéro franc, uniquement grâce à la solidarité créée par les réseaux sociaux », raconte-t-il.

L’influenceur aux presque 30 000 abonnés n’arrive pas encore à vivre de cette activité. « Mais j’en vis humainement. Me dire que rien qu’avec un téléphone et un peu de créativité, j’ai réussi à toucher des gens et à les faire rire… C’est magique », s’enthousiasme-t-il.

Miss Fortune, « pour la santé mentale et la communauté LGBT »

Elle fait sans doute partie des influenceuses les plus connues du territoire. Miss Fortune, de son vrai nom Aerie Wuhrlin, s’est fait connaître des internautes calédoniens à partir de 2020, à travers des vidéos publiées durant le confinement.

Sa popularité grandissante, certaines entreprises ont commencé à l’approcher. Principalement « des restaurants et des boîtes vendant de la nourriture ». Rien d’illogique à cela, car « j’aime beaucoup manger ! », rit celle qui se décrit à la fois comme une influenceuse et une créatrice de contenu. « Sur mes réseaux sociaux, je ne suis dictée par personne, je mets ce que je veux. […] Est-ce que j’apporte une valeur supplémentaire pour mes abonnés ? En général, oui, j’essaie. »

Son cheval de bataille ? La santé mentale. Sujette à la dépression, « je donne quelques tips pour pouvoir s’en sortir pour pas trop cher ». Pas question pour autant de s’enfermer dans une case, même si elle reconnaît avoir des domaines de prédilection. « La dernière fois, une amie a demandé à ChatGPT s’il connaissait Miss Fortune. Il a dit que je suis une influenceuse pour la santé mentale et pour les LGBT. Je me reconnais là-dedans. [rires] »

La famille Lodier, « créatrice de contenus »

Une sortie au parc forestier ou au cinéma, des activités manuelles, un partage de recette de cuisine… C’est l’univers de la famille Lodier composée de Julie, Anthony et leurs trois filles. Arrivés il y a un an et demi sur le territoire, ils ont vite pris leurs marques. Dans la vie, comme sur les réseaux sociaux.

« En Métropole, j’avais une entreprise et faisait moi-même ma communication sur les réseaux sociaux. Grâce à cela, je me suis découvert une passion pour la création vidéo », raconte Julie. Un engouement qu’elle partage désormais avec son conjoint, ancien militaire, avec qui elle travaille pour assurer la communication de certaines entreprises du territoire. Une activité professionnelle que le binôme distingue strictement de leur partage personnel sur leurs réseaux sociaux. « Nous nous revendiquons comme créateurs de contenu, pas comme influenceurs. […] Un bon 90 % de ce que nous partageons est de la création de contenu, pas des collaborations à valeur commerciale », soulignent-ils. Un mode de vie dans lequel chacun se retrouve. Julie, elle, apprécie « le fait de rencontrer de nouvelles personnes » et « le côté multitâche » de cette activité. « Et moi j’aime faire rire, donc c’est l’occasion », complète Anthony.

Nikita Hoffmann