[DOSSIER] Politique : un monde en recomposition

Le nouveau gouvernement a des conséquences sur les groupes au sein du Congrès avec le retour d’anciens “ministres”. (©Archives A-C.P)

L’année 2024 s’est terminée par un coup de tonnerre politique : la chute du 17e gouvernement. Ou plutôt la destitution de son président, Louis Mapou. « Le 18e gouvernement, c’est un gouvernement bis repetita par rapport au 17e mais également au 16e. Il y a très peu de renouvellement, hormis Alcide Ponga, Petelo Sao et Claude Gambey. Ce qui change, c’est la majorité politique, avec le camp non-indépendantiste qui reprend la présidence », constate Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique.

La constitution du gouvernement Ponga ouvre donc 2025 avec une recomposition du champ politique calédonien, avec les émeutes comme catalyseur du changement. « Le 13 mai a eu un impact politique, au moins institutionnel, avec la perte de la présidence du Congrès et du gouvernement, qui est aussi le fruit d’un changement d’alignement avec l’Éveil océanien, et surtout avec l’éclatement du camp indépendantiste », résume l’analyste.

La montée de la tendance CCAT au sein de l’Union calédonienne, puis du FLNKS, a conduit à la mise en retrait du Palika et de l’UPM. « Au sein du camp indépendantiste, qui prendra l’ascendant entre ceux qui veulent nouer un accord et ceux qui ne le veulent pas ? Ce qui se passe aujourd’hui d’un point de vue politique dans le camp indépendantiste, c’est une guerre de pouvoir », relève Pierre-Christophe Pantz.

Une division qui secoue l’UC même et avec laquelle devra composer son président Emmanuel Tjibaou. Ce clivage interroge sur la représentation dans les discussions institutionnelles, mais aussi sur la conduite à tenir lors des provinciales. Le camp indépendantiste arrivera-t-il à constituer une liste unique dans le Sud ? Et quelle tendance va l’emporter dans le Nord ?

« Depuis le 13 mai, il y a aussi une forme de recomposition politique au sein du camp non-indépendantiste, avec notamment un retour en flamme du Rassemblement », note le docteur en géopolitique. Les Loyalistes, conduits par Sonia Backès, seront-ils renforcés ou pénalisés par les émeutes et arriveront-ils à conserver la province Sud ? Quelle place va occuper Calédonie ensemble après avoir provoqué la chute du gouvernement ? Et quid de l’Éveil océanien ? Le parti arrivera-t-il à reconduire l’effet de surprise de 2019, après avoir fait et défait les majorités au Congrès ? Reste une dernière interrogation, celle du renouvellement de la classe politique, sujet récurrent lors des émeutes de mai. F.D.