Après trois ans au rythme de La Niña, les dés sont remis en jeu en 2023. Pour autant, la sortie du phénomène climatique ne signifie pas la fin des pluies et de la chaleur. Pour le premier semestre du moins. Au-delà, « il est encore trop tôt pour le dire », indique Thomas Abinun, climatologue à Météo-France.
L’année la plus chaude, la plus humide, avec une recrudescence de temps instable et une saison fraîche quasi-inexistante… 2022 a battu tous les records. Merci au phénomène climatique La Niña, dont les Calédoniens subissent les conséquences et qui en ont ras-le-bol.
La bonne nouvelle c’est que oui, enfin, « on va en sortir assez rapidement, affirme Thomas Abinun, climatologue à Météo-France, à l’issue du premier trimestre ».
Mais cela ne signifie pas pour autant la fin des épisodes pluvieux, des orages et des fortes chaleurs. « Les pluies et les températures vont rester au-dessus de la normale au premier semestre en raison de températures océaniques encore élevées au voisinage de la Nouvelle-Calédonie. » Il va donc falloir être patient quelques mois encore avant que cela aille « en déclinant et en s’estompant progressivement ».
UNE SITUATION « EXCEPTIONNELLE »
La Niña trois années consécutives, c’est seulement la troisième fois que cela arrive depuis le début des mesures, en 1950. Une situation « rare, exceptionnelle » qui est survenue environ tous les 20 ans, sans que
l’on sache s’il s’agit d’un « hasard ou d’un cycle ». Normalement, cela change chaque année. « Le phénomène dure pendant l’été austral, puis s’estompe. » Et les compteurs sont remis à zéro. L’élément déclencheur ? « La vitesse des Alizés le long de l’Équateur, qui peut faire basculer vers La Niña ou El Niño, développe Thomas Abinun. C’est un peu la loterie, cela se renouvelle de manière aléatoire. » Les vents forts favorisant La Niña et les vents faibles El Niño.
AUGMENTATION DES PHÉNOMÈNES EXTRÊMES
Les conditions qui font pencher pour l’un ou pour l’autre se mettant en place au cœur de l’hiver, « il est encore trop tôt pour se prononcer pour le reste de l’année ». Météo- France annonce en général ses prévisions vers les mois d’août et septembre.
Ce qui est sûr, c’est que la tendance globale de réchauffement océanique et atmosphérique se confirme, affirme le météorologue, ainsi que celle de l’augmentation de phénomènes extrêmes du fait du « dérèglement climatique ». « Donc, si El Niño revient en 2024, on peut s’attendre à des sécheresses plus importantes et, en cas de La Niña, à des pluies très abondantes. »
Anne-Claire Pophillat
Photo : Ce n’est que vers les mois d’août ou septembre que Météo-France Nouvelle-Calédonie pourra annoncer sous quel signe les Calédoniens vivront le prochain été austral, celui de La Niña ou d’El Niño. © A.-C.P.
2022, ANNÉE INÉDITE
En termes météorologiques, l’année 2022 n’a ressemblé à aucune autre. Le bilan montre une recrudescence record des types de temps instable (humide et chaud) avec 222 jours sur 365, soit 83 jours de plus qu’habituellement, particulièrement entre les mois de mai et septembre.
Conséquence, la saison fraîche a été quasi-inexistante. L’océan a connu un fort réchauffement de + 1 °C en moyenne annuelle (par rapport à la référence 1981-2010), et tous les mois ont connu des excédents de chaleur avec une température moyenne annuelle record de 24,7 °C.
Les précipitations ont été plus importantes que d’ordinaire 10 mois de l’année sur 12. Le Grand Sud, la côte Est et les îles Loyauté ont été les plus arrosés, le cumul maximal ayant été relevé à Goro (5 022 mm, + 76 % par rapport à la moyenne 2010-2020).
Il y a eu jusqu’à deux années et demie de pluie à La Tontouta et, partout ailleurs, entre 1,5 et 2 fois plus de pluie qu’à l’accoutumée.