Des artistes et techniciens mieux considérés, davantage entendus et reconnus. C’est le souhait des acteurs culturels pour cette année qu’ils espèrent riche en avancées.
PLUS DE MOYENS FINANCIERS
Ce n’est malheureusement pas une nouveauté. Les acteurs du monde culturel sont en souffrance. Les baisses de subventions d’année en année ne font qu’accroître leurs difficultés.
Quentin Rétali, directeur du Chapitô, souhaiterait pour 2023 retrouver des « financements décents » et obtenir des projections sur le long terme des institutions. « On aimerait avoir de la visibilité. Chaque année, on est informés pour nos financements au mieux fin février et plutôt généralement dans le courant du mois d’août : ce qui veut dire que j’ai déjà fait la moitié de mon année. On continue à s’accrocher, mais moralement c’est un peu compliqué. Tous les ans, il faut chercher entre 5 et 10 millions de plus que l’année d’avant. »
Le directeur du Chapitô formule un autre vœu : « J’aimerais qu’on arrête de dire qu’est-ce qu’on peut faire avec ce qu’on a, mais plutôt qu’est-ce qu’on veut faire et comment on peut se donner les moyens de le faire. C’est quoi le coût du modèle culturel qu’on veut et comment on fait pour arriver à trouver les fonds qu’il faut ».
Avec le coût de la vie qui augmente et les aides qui s’amenuisent, la situation devient problématique pour de plus en plus d’artistes. Les sortir d’une certaine fragilité est la mission du Syndic’art.
MOINS DE PRÉCARITÉ
Le syndicat des artistes compte bien poursuivre ses actions et trouver des solutions pour le financement de la culture. « L’année dernière, un travail a été fait sur la copie privée, mais pour l’instant, on n’a pas d’annonces ou d’avancées à ce niveau. On aimerait bien résoudre cela en 2023 », informe Nicolas Molé, président de l’organisation.
Il souhaiterait qu’une réévaluation du tarif horaire pour les ateliers artistiques soit également mise en place. « Il n’a pas changé depuis plus de 20 ans. Face à l’inflation grandissante, ce serait bien qu’on fasse une réévaluation de ces tarifs. »
Le respect des contrats et des délais de paiement fait aussi partie des priorités.
Le spectacle de Pacifique et Compagnie Celle qui marchait seule avec son carton. / © Jeanne Vassard
MOINS DE FLOU LÉGISLATIF
Les membres du Syndic’art souhaitent se doter d’outils juridiques pour se défendre « face aux inégalités et aux injustices ». Que 2023 voit leur mobilisation obtenir des avancées sur leurs problématiques quotidiennes, comme la question de leur statut. « Il y a beaucoup de choses à revoir. Pour l’instant, on est vraiment dans des flous législatifs au niveau de nos métiers. On dépend des conventions collectives du commerce. Une des avancées principales serait de travailler sur des conventions collectives pour le monde de la culture avec ses spécificités », suggère Nicolas Molé.
Ce qui permettrait aux artistes d’être mieux considérés. « La convention actuelle n’est pas du tout adaptée », confirme Isabelle de Haas, directrice de Pacifique et Compagnie. La structuration des professions fait partie des grandes orientations du syndicat pour 2023.
PLUS DE RECONNAISSANCE
Que les artistes professionnels soient reconnus est le plus grand souhait de Lucie Dorio, de la compagnie Les Incompressibles. « Pour les comédiens professionnels, comme il y a moins d’argent, plutôt que de payer quelqu’un dont c’est le métier, on va regarder celui qui est le moins cher », regrette-t-elle.
Lucie Dorio souhaite que les artistes soient mieux protégés. Qu’il y ait un statut ou une carte professionnelle. « Ça passe par une politique culturelle qui met en avant les artistes du territoire. Ce n’est pas leur priorité, pourtant on sait ce que l’art peut apporter. » Cette année encore, défendre l’art et la culture sera le combat de tous les acteurs du secteur.
Edwige Blanchon
Photo : Lucie Dorio avec Tania Alaverdov et Maïté Siwène pour le festival des arts de la rue de la ville de Nouméa. / © Niko Vincent